Changer le monde

Bifurcations. C'est le nom donné à la biennale du Design, qui aura lieu du 6 avril au 31 juillet 2022. Au menu : une réflexion sur les changements possibles de notre société, traduite en expositions à la cité, mais aussi dans toute la métropole stéphanoise.


Voilà deux ans que le cours de nos vies a « bifurqué » à marche forcée. Fermer les portes de nos appartements, fermer les portes de nos cerveaux pour ne pas laisser entrer nos angoisses, fermer les portes de nos frontières aussi… Tout fermer, se barricader et rapidement prendre conscience qu'on ne peut pas vivre sans rapport à l'Autre. Dès lors, comment changer en restant en phase avec notre humanité ? En « bifurquant » de nouveau sans doute, moins violemment que face à l'épreuve du Covid, mais urgemment, pour éviter de définitivement se cogner contre le mur.

Urgemment, pourtant, ne veut pas dire « trop vite ». Alors que l'accélération du rythme au profit du progrès n'est sans doute pas pour rien dans les crises qui secouent le début de notre millénaire, « la leçon que nous pourrions retenir est de ralentir, prendre le temps, observer, ne pas prédire », dixit l'équipe scientifique de la Biennale. A l'horizon, un enjeu : additionner les bifurcations susceptibles de répondre aux crises écologique et sociale auxquelles nous faisons face aujourd'hui.

4 mois pour réfléchir

Durant 4 mois, la Biennale du Design se proposera ainsi de poser ce temps de réflexion. Designer l'objet, designer les outils, designer l'apprentissage, la consommation, la production, les corps, pour dessiner le changement en direction d'une société plus juste et respectueuse, dans laquelle chacun pourrait trouver sa place… Démontrer que le design peut accompagner les mutations à l'œuvre ou à venir en les rendant plus douces… Tout en prenant la forme d'une grande fête débarrassée - c'est l'objectif à atteindre – de l'aspect élitiste qui semble lui coller à la peau.  

Pour cette 12e édition, la Cité et l'Ecole d'Art et de Design ont ainsi conçu un programme au long cours. Quatre mois au lieu d'un seul, afin que le public ou plutôt LES publics, initiés ou non, puissent prendre le temps de s'intéresser, de découvrir, d'apprécier, peut-être d'adhérer et in-fine, de penser à leur tour leur propre bifurcation. 

150 événements

En plus des sept expositions proposées entre les murs de la Cité, la Biennale se traduira par 150 événements disséminés sur toute la Métropole stéphanoise : d'autres expositions bien sûr, mais aussi des microarchitectures à expérimenter, résidences de designer, restitutions de workshop, concerts, et beaucoup d'autres encore inconnus pour le moment. Après Détroit ville invitée d'honneur en 2017, et la Chine, continent invité d'honneur en 2019, c'est l'Afrique, qui révèlera cette année sa face parfois méconnue, inventive, créative, ingénieuse (prescriptive ?) à travers l'exposition Singulier Plurielles, dans les Afriques Contemporaines. A noter que, pour découvrir et approfondir du 6 avril au 31 juillet, il sera possible de se procurer un pass biennale valable durant toute la durée de l'événement.

On l'aura compris, cette biennale, qui se présente vraisemblablement comme plus aboutie que les précédentes, aspire à davantage d'ouverture, dans sa thématique comme dans son accessibilité à différents publics. Reste à présent à savoir si la mise en forme du projet sera à la hauteur de l'ambition nourrie, et de l'attente des Stéphanois qui, pour certains (beaucoup ?) restent encore aujourd'hui un brin hermétiques à la discipline autant qu'à l'événement. Début de réponse dans 2 mois.


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