Se surex-poser à Lélex

Ain | 250 habitants hors saison, 2 500 à son pic : Lélex n'a rien d'une station boursouflée et reste incroyablement abordable financièrement. De quoi aller skier, marcher ou s'embarquer en télécabine pour voir la découpe du Mont-Blanc et des Alpes. Bienvenu aux prémices du Parc naturel régional du Haut-Jura, dans l'Ain. Où il fait plus chaud au soleil là-haut qu'ici-bas dans le brouillard persistant.


À moins de deux heures de Lyon et moins de trois heures de Sainté, la paisible Lélex est la station de ski la plus proche pour les Genevois (une heure) qui la fréquentent à la journée — mais lui préfèrent les plus riches Courchevel ou Chamonix sur un temps long. Situé dans le département de l'Ain mais collée au Jura, ce village du Pays de Gex s'inscrit dans le Parc naturel régional du Haut-Jura et affiche 900 m d'altitude. C'est la terre de la famille Grospiron, dont Edgar fut en 1992, aux Jeux d'Albertville, le premier champion olympique d'une discipline alors nouvelle : le ski de bosse. Son oncle est encore cuisinier-traiteur (Chez Jeannot) et son grand-père a créé le premier téléski de Lélex en 1936. Quelques magasins de location de ski, une supérette, à peine un ou deux bistrots et quatre restaurants : rien ici n'est gangréné par le gigantisme. Depuis novembre, la neige a recouvert cette vallée tranquille qui ouvre ses pistes sur une durée plus courte que ses voisines bling-bling : des vacances de Noël au dernier week-end de mars pour les habitués nordistes, parisiens, belges et même de plus en plus fréquemment bretons.

Col du Crozet

Si du village de Lélex, Genève et les Alpes sont hors de la vue, il suffit de quelques minutes pour être ébloui. Se mêler aux skieurs qui montent sur des télésièges et embarquer dans la télécabine de la Catheline (9€ A/R). Construit en 1982, cet engin remplace la télébenne des années 50, quand le tourisme des sports d'hiver balbutiait. Arrivé en haut des pistes et d'un resto d'altitude qui propose une saucisse-frites à 3, 40€ (accessible, on vous dit !), il faut marcher quelques minutes pour atteindre le col de Crozet, 1485 m, d'où se détache la splendide chaîne alpine. Le Mont-Blanc, bien sûr, mais aussi les Dents du Midi, Les Grandes Jorasses. Entre vous et elles : le bassin genevois et le Léman recouverts, bien souvent, d'une mer de nuages d'où surgissent les avions décollant de l'aéroport de Cointrin. Le vent est en cet hiver aussi glacial que revigorant. Il a même rendu chauves les sommets et balayé la poudreuse. En face, apparaissent le plateau du Jura et Saint-Claude : des alpages où paissent encore les génisses et d'où provient le fameux Bleu de Gex. Au XVIIe siècle, cette route du col de Crozet était empruntée par des horlogers de la vallée qui allaient vendre leurs biens à Genève. Et les bergers, l'hiver, taillaient des pierres précieuses pour les bijoutiers suisses — un petit musée à Mijoux témoigne de cette histoire révolue.

Si atteindre ce col est possible sans raquette aux pieds, mieux vaut les chausser pour une redescente de 1h30. La montée se chiffre à 2h45.

La Valserine

Si vous ne souhaitez pas grimper sur les hauteurs, une balade d'une heure ou deux, au fil du ruisseau de la Valserine, s'offre à vous dans le village même, très fléchée sur des pistes damées, à pied ou en ski de fond. Différentes boucles et entrelacs ont été aménagés pour avancer sur du plat et observe ce soleil qui luit et chauffe. Un document est disponible à l'office du tourisme : "Promenade du Pont du Niaizet". Départ possible sur la gauche entre l'école de ski pour "piou piou" et la boucherie Au bon saucisson.

Col de la Faucille

La station des Monts Jura compte un domaine nordique (La Vattay-Valserine) et trois domaines de ski alpin : Lélex-Crozet donc, Menthières et Mijoux-La Faucille. Pour rejoindre ce dernier, il faut rouler 17 kilomètres et, au col, monter dans le télécombi pour atteindre le Petit Mont-Rond à 1 533 m. De là encore, vue sur les Alpes et Genève et possibilité de faire des balades sur les sommets. C'est aussi l'occasion de mieux comprendre cette vallée de la Valserine où le bois a été la matière première et première source de revenus des habitants du XVIIe au XIXe siècles mais aussi de remonter le temps loin, 25 000 ans en arrière, où tout était pris dans une calotte glacière et très très loin, dans cette fameuse ère Jurassique qui a emprunté son nom à ce territoire. Au XIXe siècle, des scientifiques ont ainsi désigné la période géologique de formation des roches calcaires et marines (entre -201 et -145 millions d'années) quand le climat était chaud et tropical. Pas étonnant que des traces de pas de dinosaures aient été retrouvés et désormais accessibles au public à Dinoplagne, à Plagne distant de 33 km.

En été, Lélex comme La Faucille, regorge d'activités : Parc Juraventure, pistes de VTT... Les remontées mécaniques sont ouvertes en juillet-août.


Où dormir ?

Chalet Louis Marchand. Géré par une association, cette ancienne colonie de vacances, créée dans l'après-guerre pour que les enfants du canton voisin de Thoissey puissent jouir « de l'air pur de la montagne », accueille encore quelques classes vertes ou de neige mais surtout le visiteur. Une centaine de lits dans des chambres simples, fonctionnelles et bien chauffées. Mode couple, solo ou dortoirs familiaux. Cuisine à dispo pour faire sa popote.

Route de Frenet, Lélex
À partir de 28€ en hiver, 23€ l'été ; 60€ en pension complète
Réservations auprès d'Odile, présidente de l'asso : 06 85 30 94 27
chaletlouismarchand.com


Où manger ?

Le Dahu. Resto de montagne avec fondue jurassienne (pour 2 minimum, 17€ / personne), raclette ou tartiflette et tout autre petit bonheur de ce genre. 100% circuit court.
Immeuble Le Grand Crêt, Lélex
T. 04 50 20 95 72
Ouvert 7j/7 midi et soir durant les vacances scolaires, hors vacances scolaires : fermeture deux jours variant selon les semaines (consulter les réseaux sociaux du resto)

Restaurant du centre. Tartiflette, morbiflette… gexiflette ! Pour 16€, ce plat présenté dans un petit moule à gratin, accompagné d'une salade verte, est parfait pour se réchauffer. Plat du jour à 13€ le midi avec frites. Là encore, tout est abordable et du coin.
403 rue des Lapidaires, Lélex
T. 04 50 20 90 81
Ouvert 7j/7 midi et soir en saison


Où boire un verre ?

Le Chamois. C'est Simone, 87 ans, qui tient ce café ultra chaleureux aux tables en formica et peuplé d'autochtones. L'apéro commence à l'heure du goûter et peut durer. Verre de Chardonnay jurassien à 1, 10€ ! Côte du Rhône à 1, 20€, chocolat chaud à 2, 50€ dans des tasses quasi antiques et expresso à 1, 30€, pression à 2, 60€ On y revient pour le dijo, vers 18h !
Chemin de Frenêt, Lélex
T. 04 50 20 18 40
Globalement ouvert mais horaires variables


Où acheter du fromage ?

Fromagerie de l'Abbaye. Adresse incontournable à 11 km de Lélex via la route qui emprunte le défilé de la sous-balme. Peu de fromages mais seulement ceux du cru : Bleu de Gex AOP (11, 80€/kg) et son dérivé, le Perrachu, plus puissant (12, 80€/kg) mais aussi du comté, du morbier, etc. Chaque matin, la fruitière-fabrique attenante est visitable. Vente également de vin du Jura et de diverses terrines (à la volaille et au vin d'Arbois !) ou même quenelles au Bleu de Gex !
266 route de Confort, Chezery-Forens
T. 04 50 56 91 67
Du lundi au samedi de 8h30 à midi et de 15h à 18h45 ; le dimanche de 9h30 à midi et de 15h à 18h. Ouvert les jeudis des vacances scolaires


Comment y aller ?

En voiture. 128 km et 1h47 via A42 et A40 par Ambérieux. Péage : 8, 50€. Routes larges, déneigées et très praticables sans chaîne.

En transports en commun. TER Saint-Etienne-Lyon 50 min, puis TER Lyon-Valserhône (gare de Bellegarde-sur-Valserine), 1h26 puis navette bus. Ligne 153 Valserhône-Mijoux, réseau Cars région Ain.

Ski

Forfait journée Lélex-Crozet 32€ pour un adulte, 28€ pour les jeunes et séniors. Plus grand dénivelé du Jura.

Renseignements

Office tourisme Lélex
435 rue des Monts Jura
T. 04 50 28 09 16
Ouvert 7j/7 de 9h à 12h30 et de 13h30 à 18h
paysdegex-montsjura.com/


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