La Pépite des Ambassadeurs

Les Ambassadeurs du Méliès, ce sont des lycéens qui aiment le cinéma, qui voient les dernières sorties en salle, et qui livrent leur coup de cœur. Aujourd'hui, Maëlem et Lucie nous parlent de leur « Pépite » du mois, Medusa, réalisé par Anita Rocha da Silveira.


Maëlem : « un univers horrifique sans bascule dans le film d'horreur »

Au Brésil, Mariana et ses amies font partie d'une communauté catholique très conservatrice, à cheval sur les apparences. Elles se préparent pour leur futur tout tracé : un mari, des enfants, et une vie pieuse de femmes au foyer. Mais ces jeunes filles ont une façon bien particulière d'occuper leurs soirées. Elles sortent masquées et agressent les femmes dont elles jugent les mœurs trop légères. A la suite d'un incident, les certitudes vacillent.

Médusa est un film surprenant et imprévisible à l'esthétique pop et coloré. Sans jamais basculer dans le film d'horreur, il joue avec les codes et se promène dans un univers horrifique, avec des masques d'animaux, la légende urbaine d'une jeune femme défigurée par le feu, et un hôpital en ruine aux airs lugubres. La réalisatrice offre une plongée glaçante dans un milieu catholique ultra-conservateur, qui a tout l'air d'un futur dystopique mais qui appartient bel et bien au présent. Il s'agit d'un conte féministe moderne, d'une relecture du mythe de la Méduse, symbole actuel de la colère féminine.

Figure du serpent, cris assourdissants, corps immobiles… La réalisatrice file la métaphore, par les symboles de l'endoctrinement des femmes dans une société patriarcale qui les emprisonne. Si Méduse change traditionnellement le monde en pierre avec son regard, Médusa regarde le monde comme il l'est, et hurle de rage.

Lucie : « un véritable mélange des arts »

Mariana à 21 ans, elle vit au brésil. Désireuse de contrôler son image de femme pieuse et parfaite ainsi que celle des autres femmes, chaque soir, avec sa bande aux masques blancs, elle part punir celles qui ont dévié des attentes d'une société moralisatrice. 

Entre un visuel pop et très coloré et une atmosphère sombre rappelant par certains aspects un monde dystopique ; Medusa, le long métrage de la réalisatrice brésilienne Anita Rocha da Silveira, dépeint un phénomène sociétal touchant le Brésil, et qui reste encore trop méconnu.  Sous le masque, se cache un retour à une société puritaine qui prône la belle et prude femme au foyer. Si le film est engagé, il n'existe qu'en dehors de tous les catalogues référencés. Medusa interpelle par son esthétique généreuse et son visuel, qui fait penser parfois à une œuvre picturale. Une esthétique ambivalente, oscillant entre une affluence d'images intenses et fluo et le retour à une atmosphère cauchemardesque, presque surnaturelle.

Deux images restent en tête, la scène d'ouverture offrant un véritable mélange des arts, et la scène finale : un cri de libération, qui nous saisit, nous prend par stupeur, et fait ressortir la rage qu'on dissimule au fond de nous.

Séance pépite organisée le dimanche 20 mars 18h au Méliès, avec la réalisatrice en direct du Brésil.


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