Hommes au bord de la crise de nerfs, Don Juan: les sorties du 25 mai


À la rigueur

★★☆☆☆ Hommes au bord de la crise de nerfs 

Une demi-douzaine de mecs ordinaires et de tous âges, ayant craqué pour une raison X ou Y, se retrouvent sur un quai de gare perdu au milieu de nulle part. Ensemble, ils vont suivre une étrange thérapie pour se retaper sous la houlette d'une coach allumée. Mais qui va soigner qui ?

Un film choral transgénérationnel interrogeant la masculinité en 2022, mais aussi l'Homo urbanus renouant avec la nature, le rapport aux médecines alternatives, le new-new age… Derrière le vrac de cette comédie où la cordonnière — la psy — est la moins bien chaussée du lot, on comprend le propos ainsi que le recours à des figure d'archétypes (pour ne pas dire des caricatures) pour incarner toutes les faces du mal-être masculin. Mais qu'est-ce que c'est prévisible ! Chacun des comédiens est choisi pour être conforme à ce que l'on projette sur lui, aucune surprise ne vient bousculer cette vision schématique et ça ronronne jusqu'à la fin de la retraite…

Les bonnes intentions ne rattrapent pas tout, mais on saluera quand même l'engagement sincère de l'autrice qui a voulu une production vertueuse du point de vue environnemental, faisant en sorte que ses actes suivent ses convictions — cela mérite d'être souligné car il y a tellement de tartufes dans ce métier prompts à pleurer pour la planète… avant de prêter leur image pour les industries les plus polluantes. L'équipe y a sans doute sacrifié une part de confort superflu et renoncé à quelques mauvaises habitudes, mais ce tournage y a gagné en sobriété et fait des économies. Un exemple à suivre.

De Audrey Dana (Fr., 1h37) avec Thierry Lhermitte, Ramzy Bedia, François-Xavier Demaison…


★★☆☆☆ Don Juan

Laurent, un comédien sur le point de se marier se fait poser un lapin par Julie, sa dulcinée qui le pense maladivement infidèle. Laurent croit par la suite voir l'incarnation de Julie dans toutes les femmes. Et cela ne s'arrange pas quand l'acteur part à Granville jouer Don Juan sur scène…

À l'instar du sinistre Tralala des frères Larrieu montré à Cannes l'an passé, ce Don Juan est l'un des trois lauréats de l'appel à projets sur les films de comédie musicale du CNC — espérons que le dernier du lot, La Grande Magie de Noémie Lvovsky sauvera l'honneur. Pour autant, il s'agit surtout d'une comédie dramatico-sentimentale se souvenant par intermittence de ce qu'elle doit à la musique (et au CNC ?) en glissant de rares chansons et en octroyant un p'tit rôle mélancolique à un trop épisodique Alain Chamfort en trench-coat. Heureusement que la partition de Benjamin Esdraffo recèle ce qu'il faut de lyrisme, que les paroles de Jacques Duvall rappellent parfois Demy ; que Efira et Rahim poussent la note juste, car sinon, on soupirerait de concert devant ce nouvel objet bozonnesque — c'est-à-dire à la fois trop et pas assez. Semi-relecture de Molière brassée avec une larme de Vertigo, poudrée d'artifices inutiles (comme une séquences chorégraphiée nocturne dans un parc rappelant Madame Hyde de sinistre mémoire), ce film laisse sur un regret : celui qu'Axelle Ropert — ici coscénariste — n'ai su insuffler l'émotion qu'elle instille dans ses propres films, comme Petite Solange.

De Serge Bozon (Fr., 1h40) avec Virginie Efira,  Tahar Rahim,  Alain Chamfort…


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