Demain, je traverse, à voir sur vos écrans le 15 juin


À voir

★★★☆☆ Demain, je traverse 

Agent de la police des frontières grecque basée à Athènes, Maria doit se livrer à un trafic de faux-papiers afin de payer l'aide à domicile de sa mère. Sa soudaine affectation sur l'île de Lesbos augmente sa distance avec sa fille mais lui fait rencontrer un réfugié syrien ayant quitté son pays pour ne pas devenir un assassin…

Plutôt rare sur nos écrans — car souffrant d'une cruelle absence de production et de diffusion aggravée par la crise économique — le cinéma grec fait un passage remarqué ces derniers jours, après Broadway et sa vision des bas-fonds athéniens contemporains. Si Demain, je traverse rappelle que la République hellénique est l'une des portes de l'Europe pour les Syriens dont la situation ne s'est toujours pas améliorée, les Grecs n'ont pas de quoi pavoiser. Maria apparaît en effet comme une naufragée dans son propre pays, fonctionnaire devant faire usage de son corps (le prix que paient les femmes est toujours plus élevé), de ses prérogatives et renoncer à son amour-propre pour parvenir à conserver une existence digne face à sa famille. Pas étonnant, donc, qu'elle se retrouve dans le désespoir des exilés, s'identifie à eux ou s'en rapproche. Il n'est pas non plus anodin que ce film traitant des frontières, d'une certaine indifférence administrative de l'UE vis-à-vis des réfugiés, de la misère conjoncturelle des institutions grecques, et d'un empilement de violences faites aux femmes soit justement le fait d'une réalisatrice ayant jadis elle-même quitté l'Iran pour la France…

De Sepideh Farsi (Fr.-Gr.-Lux.-P.-B., 1h21) avec Marisha Triantafyllidou, Hanaa Issa, Lydia Fotopoulou…


<< article précédent
Petite Fleur, Champagne, les sorties cinéma du 8 juin