Divin!

Grand rendez-vous de la musique sacrée et symphonique, le Festival de La Chaise-Dieu met en avant cette année des compositeurs tels qu'Alessandro Scarlatti ou César Franck, et des œuvres importantes de Ravel, Poulenc, Charpentier, Brahms ou Gershwin…


Par Jean-Emmanuel Denave

Le festival a originellement fondé son identité sur l'exploration du répertoire de musique sacrée, puis l'a étendue au piano et à la musique symphonique, invitant de grands ensembles instrumentaux et orchestraux français et internationaux. Cette édition sera marquée aussi par la nomination, en février dernier, d'un très jeune directeur, Boris Bianco violoniste de formation âgé de 29 ans, qui ajoutera à l'ADN de la Chaise-Dieu une attention toute particulière à la jeune création…

Parmi une programmation profuse et de grande qualité, nous voudrions attirer d'abord l'attention sur quelques œuvres rarement jouées et quelques compositeurs singuliers. L'Ensemble orchestral contemporain d'Auvergne interprétera Melodien (1971) de Gyorgy Ligeti et, surtout, le déchirant Concerto à la mémoire d'un ange pour violon et orchestre de Alban Berg (1885-1935). Composée l'année de la mort soudaine du compositeur viennois, cette œuvre révèle les possibilités expressives et émotionnelles de la si sérieuse et redoutée musique dodécaphonique, citant la musique populaire et un choral de Bach.

On note encore la présence d'œuvres de deux grands compositeurs américains : Aaron Copland (1900-1990) avec sa Fanfare for the common man, et le moins connu Charles Ives (1874-1954) avec The Unanswerded Question pour orchestre. Cette courte pièce datant de 1908 a été citée à de multiples reprises au cinéma, dans La Ligne rouge de Terrence Malick notamment. Enfin, parmi les contemporains, Thomas Lacôte présentera une création mondiale, Plus rien que ton nom pour mezzo-soprano et orchestre, et Michaël Levinas jouera au piano (accompagné d'une chanteuse et d'une harpiste) Espenbaum : huit lieder sur des poèmes de Paul Celan.

A noter qu'au-delà de notre « cabinet de curiosités » subjectif, le festival proposera comme toujours plusieurs temps forts, dont les Harmonies poétiques et religieuses de Franz Liszt, récitées par l'acteur mélomane Lambert Wilson en compagnie du pianiste Roger Muraro (au théâtre du Puy)

Festival de La Chaise-Dieu, du 18 au 28 août à La Chaise-Dieu (43)


Par Léonard Chantepy

Après deux années marquées par la crise sanitaire, la programmation très dense du festival démontre bien cette volonté de renouer avec l'exigence du beau.

La soirée d'ouverture sonnera ainsi comme un trait d'union avec « le monde d'avant », en confiant à l'Ensemble Les accents et à son chef Thibault Noally le soin de clore le cycle de redécouverte d'oratorios d'Alessandro Scarlatti entamé en 2019.

« Il Sedecia » est un oratorio composé en 1705 pendant une période où les opéras étaient interdits par le Pape sous peine de sanctions. Aucune comédie, aucun divertissement ne devait distraire l'âme chrétienne. Alessandro Scarlatti excellant dans l'art lyrique, choisit alors un récit de l'Ancien Testament traitant de l'histoire biblique du dernier roi de Jerusalem et de son destin tragique : assiégé durant deux années par Nabuchodonosor, roi babylonien, Jerusalem fut détruite, Sedecias capturé, ses fils tués devant lui avant qu'on ne lui crève les yeux.... il meurt en prison à Babylone.

La dramaturgie de l'histoire est parfaitement illustrée par une musique foisonnante où la voix envoûte par ses volutes incandescentes.

« Il Sedecia » par l'Ensemble Les Accents, le 19 août à l'Abbatiale Saint-Robert

 


<< article précédent
« Campana » à la campagne