« Visibiliser la richesse artistique du territoire »

10 jours, 15 compagnies régionales, 14 spectacles, 9 salles de la métropole stéphanoise et de l'agglomération Loire-Forez. En partenariat avec Le Verso et la Ville de Saint-Étienne, La Comédie propose cet automne une première édition de Courts-circuits, temps-fort dédié à la rencontre théâtrale. Benoît Lambert et Sophie Chesne, respectivement directeur et directrice adjointe de la structure stéphanoise, présentent ce projet automnal qui a, bien sûr, vocation à s'installer dans le temps.


Qu'est-ce qui a motivé la création de ces rencontres théâtrales ?

 Nous ne voulions pas créer quelque chose en plus, mais mettre la lumière sur la vitalité artistique du territoire. La métropole stéphanoise dispose d'une quinzaine de salles de théâtre, et de très nombreuses compagnies sont installées à Saint-Étienne, dans la Loire, et plus largement sur le territoire rhônalpin. Lorsque l'on juxtapose les propositions de ces lieux et de ces compagnies sur un temps court, cela permet à chacun d'en prendre la mesure. 
Et puis, nous souhaitions des rencontres pour permettre la discussion, l'échange, et peut-être, la création de nouveaux liens entre professionnels. Alors attention, les compagnies n'ont pas attendu La Comédie de Saint-Étienne pour le faire : elles discutent déjà entre elles. Néanmoins, cela permet d'instaurer un rendez-vous annuel. Si l'on prend le temps de discuter une fois par an, ce sera déjà bien.

Courts-circuits portera une attention particulière aux jeunes compagnies théâtrales, dites « émergentes ». Comment s'organise la synergie entre les différents acteurs qui participeront à ce temps-fort ?

Courts-circuits est né à l'initiative de La Comédie, de La Comète et du Verso. Nous souhaitions permettre à des compagnies qui n'ont pas encore une dimension nationale de rencontrer le public, de diffuser leurs créations. Certains spectacles programmés sont des reprises de spectacles créés avant le confinement, car nous portons une volonté très forte de faire vivre les répertoires, sur des temps plus longs. Dans ce cadre, nous avons invité à nous rejoindre, les scènes de la métropole qui avaient dans leur programmation à ce moment-là des propositions qui correspondaient à ce que nous souhaitions défendre.

Qu'est-ce que qui a guidé vos choix, quant aux spectacles qui seront programmés dans les murs de La Comédie, de La Comète et du Verso ?

Pour deux d'entre eux [Souterrain de Pauline Laidet et Prouve-le de Maïanne Barthès, ndlr], il s'agit des spectacles de deux artistes que La Comédie accompagne via la Fabrique, avec lesquelles nous sommes engagés dans un processus de long terme, qui implique de penser la diffusion. Le reste de la programmation s'est construite sur des rencontres, nous avions envie de montrer des typologies de parcours, et des formes artistiques assez différentes les unes des autres… La cohérence de l'ensemble provient des regards assez pointus sur le monde, portés par chacun de ces spectacles. Nous avons une sorte de petite prétention à créer, à travers cet événement, un laboratoire des idées politiques.

Courts-circuits a également été conçu comme un temps fort de rencontres avec le public jeune, qui s'intègre parfaitement aux axes de travail développés à La Comédie…

Disons que la jeunesse comme cause a animé toute notre vie professionnelle, et qu'il s'agit donc d'un endroit où nous avons une certaine forme d'expérience. Pour mener une forme d'éducation par l'art, encore faut-il mettre cette jeunesse face aux bonnes propositions. C'est d'ailleurs quelque chose d'extrêmement stimulant pour les artistes. Parce qu'il s'agit d'un public qui n'attend rien, qui a la double qualité de n'être pas facile à séduire et intransigeant, mais également extrêmement généreux lorsqu'il est séduit. Reste que tous les spectacles présentés dans le cadre de Courts-circuits ont une vocation tout public, d'autant que nous espérons créer une possibilité de sortie culturelle familiale.

Pourquoi « Courts-circuits » ?

Il ne s'agit pas d'un temps-fort comique, mais néanmoins, toutes les propositions sont susceptibles d'entrainer le rire chez les spectateurs. Et nous avons la conviction qu'il y a dans le rire l'effet d'un court-circuit, comme une compréhension avant la formulation, comme une forme d'éclaircissement spontané. Pas forcément parce que le sujet est drôle, mais parce que le rire est souvent l'expression première et immédiate de sa compréhension.

Un dernier mot, quelques semaines avant le lancement de cette première édition ?

Il s'agit d'une édition 0, on espère beaucoup qu'elle fonctionnera, elle est l'une des multiples initiatives lancées depuis notre arrivée à La Comédie de Saint-Étienne. Nous avons envie que ce projet, comme les autres, puisse perdurer, mais cela tiendra à la seule condition que nous soyons soutenus par nos partenaires publics. La culture, qui est l'un des fleurons de ce pays, doit être protégée car elle fait partie de la politique globale du soin. A l'approche d'une crise comme celle à laquelle nous faisons face, il ne faut pas mégoter.

Courts-circuits, du 15 au 25 novembre à La Comédie de Saint-Étienne, à la Comète, au Verso, et dans 6 autres salles partenaires de la métropole.


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