Rappeur inspiré pétri de poésie humaniste, homme de lettres, de théâtre ou de cinéma, Kery James est un homme radical, intègre et engagé qui n'a pas langue dans sa poche. Bien au contraire. Si la parole est enflammée, il n'est pourtant pas question de jouer au pyromane.
Inutile de revenir sur le long parcours de Kery James, depuis son enfance guadeloupéenne jusqu'à aujourd'hui, ni de passer en revue les succès et les échecs car au final, seules les marches gravies comptent vraiment. Ce qui frappe dans le cheminement de cet artiste atypique et touche-à-tout, c'est la constance, la cohérence. Rien n'a pu le faire dévier de son sillon.
Après trente ans d'une carrière souvent menée à l'ombre du show-business, le fond est resté le même et sa vision du rap n'a jamais dévié. Il est de ces rappeurs dont on peut affirmer qu'ils sont les dignes héritiers des plus grands poètes. La langue de Molière a rarement été aussi bien domptée pour évoquer les travers d'une réalité urbaine en totale perte de contrôle. Rappant à la force des mots sans vulgarité inutile, Kery James déclame tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, invitant davantage à la réflexion qu'à la rébellion.
Profondément engagé pour l'émancipation et la réussite des jeunes des quartiers populaires, l'artiste a notamment écrit et co-réalisé avec Leïla Sy le film Banlieusards, avant de créer de l'association ACES (pour Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir) qui propose un soutien scolaire aux enfants défavorisés. La réédition de son dernier album en date, J'Rap Encore, l'a enrichi et augmenté de cinq nouveaux titres, dont Les Yeux Mouillés avec Youssoupha et l'imparable À qui la faute ? avec Orelsan.
Kery James n'a jamais tout à fait fini de crier au monde ses quatre vérités et le gars ne mâche pas ses mots : « J'suis pas resté les bras ballants, j'n'ai compté qu'sur mon talent. J'suis pas un fils de, il n'y a que ma détermination qui ait le bras long. J'ai dû en faire deux fois plus que ceux qu'ont deux fois moins de talent qu'moi. En France, c'est normal pour un Africain. »
Kery James, vendredi 9 décembre à 20h30, La Forge au Chambon Feugerolles