1980 : Stranglers, drugs & friends

Figure de l'esprit rock stéphanois, ancien patron d'un célèbre club dédié au genre, Julien Haro nous fait désormais l'immense honneur d'une chronique mensuelle dédiée à ses coups de cœur musicaux. Branchez vos amplis, ce mois-ci, notre spécialiste  a une histoire a vous raconter.


A l'orée des années 80, les Stranglers vivent une période incroyablement compliquée. Entre problèmes financiers, rapports conflictuels avec les journalistes, émeutes lors de leurs prestations, perte de leur matériel en pleine tournée et tension avec leur manager, le groupe est au bord du burn out.

Pire encore, au mois de mars 1980, leur chanteur et guitariste Hugh Cornwell se voit infliger une peine de prison de huit semaines pour détention de drogue. Malgré l'appel fait à la suite de la première audience, le Juge McNair décide de punir lourdement le leader de la formation britannique afin qu'il serve d'exemple pour toutes les rockstars du Royaume-Uni, mais également pour calmer les ardeurs des fans des Stranglers, beaucoup trop sulfureux à son goût. Cornwell file donc au pénitencier de Pentonville et laisse le groupe orphelin sur scène.

Et c'est bien là le plus gros problème. Le quatuor est d'ores et déjà engagé pour deux dates majeures au Rainbow Theatre de Londres. La salle emblématique de la capitale anglaise s'apprête à célébrer ses cinquante ans d'activité et, pour l'occasion, la marque Levi Strauss & Co a mis la main au portefeuille pour organiser neuf jours de concerts. Les Stranglers doivent assurer les dates des 3 et 4 avril en compagnie des jeunes UB 40 et Joy Division.

Démunis, mais bien décidés à se révolter contre cette sentence qu'ils jugent beaucoup trop sévère, les trois musiciens restants décident de faire appel à leurs amis de la scène anglaise, et accueillent lors de leurs performances un parterre de stars en guise de protestation. Se succéderont ainsi pour interpréter les morceaux du groupe, pas moins de dix-neuf artistes dont les déjà célèbres Robert Smith (The Cure), Ian Dury (Blockheads), Robert Fripp (King Crimson) ou Nick Turner (Hawkwind) reprenant à leur compte les parties de guitares et les plages vocales de Cornwell.
L'histoire raconte même que Billy Idol a rejoint la joyeuse troupe pour le rappel du deuxième soir mais, jugé inutile, il se fera violemment jeter de scène par le bassiste Jean-Jacques Burnel, ceinture noire de judo.

Deux lives emblématiques donc, à la vertu historique indéniable, et des nuits gravées dans la mémoire des spectateurs. Il est prévu un temps que l'enregistrement de ces deux soirs soit pressé et commercialisé, mais le groupe, au bord de la faillite financière, avortera le projet… Et ce n'est qu'en février 1995 que le disque verra enfin le jour sous le titre The Stranglers and Friends – Live in Concert et sera publié par le label Receiver, et réédité en 2002 par Castle Records.
La bande son parfaite pour attendre patiemment le concert des Stranglers le 16 mars au Fil à Saint-Etienne. Enjoy!



Les invités des 3 et 4 avril 1980

Chanteurs : 

Toyah Wilcox (Toyah)
Hazel O'Connor
Nicky Tesco (The Members)
Phil Daniels
Peter Hammill (Van Der Graaf Generator)
Jake Burns (Stiff Little Fingers)
Ian Dury (Blockheads) -
Richard Jobson (The Skids)
Jake Burns (Stiff Little Fingers)

Guitaristes 

Wilko Johnson (Dr. Feelgood)
Robert Fripp (King Crimson)
Robert Smith (Cure & The Banshees)
Steve Hillage (Arzachel)
Basil Gabbidon (Steel Pulse)
Larry Wallace
John Turnball (Blockheads)

Claviers: 

Matthieu Hartley (The Cure)

Saxophone :

Nick Turner (Hawkwind)
Davey Payne (Blockheads)



<< article précédent
Ils et elles ne veulent pas mourir sur scène (ou en coulisses)