Les Stéphanois dans la place (oué oué)

Il y a eu Terrenoire, jusqu'à la Victoire. Et puis Fils Cara, qui déploie actuellement ses ailes pour s'envoler, son premier album sous la plume. Du côté des indépendants, on pense à Dub Inc, ou encore à L'Entourloop, qui voguent aujourd'hui de scène du monde en scène du monde. Depuis longtemps déjà, Saint-Étienne fait figure de vivier de musiciens capables de faire briller leur talent par-delà les frontières de la ville… Et le meilleur, c'est que la relève semble d'ores et déjà assurée.


Brique Argent, le diamant brillant-coupant

L'histoire de Brique Argent, c'est un peu celle d'une évidence. Deux premières chansons clippées et sorties il y a à peine un an, et hop, le jeune homme intégrait directement les deux plus gros dispositifs de détection de talents et de développement de carrière en France : Le FAIR (dont sortent Pomme, La Femme, Terrenoire, NTM, IAM, Les Têtes Raides, Bertrand Belin, Naive New Beaters, et beaucoup d'autres…) et le tremplin des Inouïs du Printemps de Bourges… Qu'il vient de remporter, s'assurant au passage une présence sur l'édition prochaine du festival, le tout, alors que son premier E.P, actuellement en préparation, ne devrait sortir qu'au début de l'année prochaine.

Un succès semble-t-il express, qui s'explique néanmoins par la qualité de sa proposition artistique. Une voix talon aiguille qui d'un coup se mue en hurlements venus de l'estomac. Des textes qui mêlent métaphores et oxymores, tragique, névroses et mélancolie, quête d'espoir et ironie. Des sons pop, qu'il qualifie lui-même « d'alternatifs », en référence sans doute aux embardées rap ou très électroniques qui jalonnent ses morceaux.

Si le succès est en effet rapide, il n'a donc rien de prématuré. D'autant que, derrière Brique Argent, Corentin a en effet longtemps laissé infuser son projet solo, après avoir joué quelques temps dans un trio. « Avant même de composer quoi que ce soit, j'avais envie de placer le projet que je lancerais dans un contexte. J'ai passé énormément de temps à découper des images qui me parlaient, à les coller au mur », détaille-t-il. Les fantasmes de l'adolescence refont alors surface : le tuning, les chaînes en or, les clips sur MTV, qu'il mêle à des choses plus douces.

Vient ensuite la création de sons expérimentaux, très longs, comme une exploration. Entouré par quelques copains musiciens, il faudra ainsi 4 ans à Brique Argent, pour faire sa première chanson… Encadrée par une direction artistique déjà réfléchie, posée, millimétrée, qui depuis séduit toute une génération (et bien plus !), par la bascule constante entre son chaud et son froid. Une fois encore, la nouvelle pépite montante de la scène française est stéphanoise. Hip hip hip…

Concert de Brique Argent le 27 mai au Fil dans le cadre de Paroles et Musiques (voir p11)


Bonneville, le crooner tranquille

On a connu Théo comme parolier-chanteur des textes un peu zinzins mais pertinents du duo Gat & Rim. Quelques années plus tard, on le retrouve en solo, sous son simple patronyme : Bonneville. Coupe ébouriffée, veste de costard-chemisette, clope tenue du bout des doigts… L'élégance nonchalante du bonhomme se constate au premier coup d'œil… Et se confirme à l'écoute.

Avec son premier titre, Bonneville chaloupe son pas sur fond orange : chanson pop chantée-parlée à la manière d'une promenade de début d'été, Un peu d'agrume mêle texte rafraichissant et tempo dandinant. Depuis, le crooner s'affirme, façon 2023. Avec ce projet, Bonneville mêle en effet la séduction flegmatique d'un Sacha Distel ou d'un Guy Marchand, et le sens de la dérision qu'il avait déjà mis à l'œuvre au sein de son précédent duo.

Tout au long de ses titres, Bonneville n'est d'ailleurs pas tout à fait seul : un étrange gorille l'accompagne partout où il passe, et il gratouille fort ! Repéré par le réseau Radio France, il a récemment entamé une première tournée, qui s'arrêtera notamment par Paroles et Musiques (le 26 mai), et l'Aluna festival (le 1er juillet).


Lou Muguet, l'électrique

Du haut de ses sons électroniques à forts BMP, la pop de Lou Muguet électrise d'autant plus que la voix de la jeune artiste peut fiche quelques frissons lorsqu'elle se balade le long des octaves… Ou inviter à des hochements de tête sur des couplets ou textes rappés.

Stéphanoise pur jus, passée par le Conservatoire, Lou chante sa vision désabusée du Monde, dans lequel elle en créé un autre à elle, plus douillet, plus libre, et tourné vers l'avenir. Demi-finaliste du tremplin du Delta festival cette année, Lou Muguet sera elle-aussi présente sur Paroles et Musiques le 27 mai. 


Bramzo, à rap toute

Ricamandois repéré par le collectif Prise II Conscience (RLM, Paco...) il y a de cela quelques années, Bramzo a depuis, fait des battle rap sa spécialité. Au Rap Contenders* (RC), auquel il a déjà participé plusieurs fois, il est parvenu à se faire un nom, de dérouillée en dérouillée (la dernière en date, face à K5, vaut le coup d'œil).

Du très haut niveau, à déguster sur Youtube en attendant de voir Bramzo sur scène au Fil en fin d'année, en compagnie de Souffrance et Benjamin Epps.

*plus grande ligue de battle rap a capella française, qui a notamment vu démarrer Nekfeu, Alpha Wann, Guizmo ou BigFlo & Oli

 

 

 

 


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