Les Grisous, les copains d'abord

Formés il y a un an maintenant, les Grisous forment une troupe de théâtre d'improvisation. Ils étaient sept à la création du groupe, ils sont aujourd'hui dix à monter sur scène. Toujours de bonne humeur, ils incarnent le lâcher prise et la légèreté autant sur scène que dans la vie.


Jeudi 22 juin, 14 heures. Nous avons rendez-vous avec quelques membres de la troupe sur la place Jean-Jaurès. C'est sous le soleil estival que nous rencontrons Audrey et Isabelle, deux des dix comédiens des Grisous. Alors qu'Isabelle allume sa cigarette, nous nous installons à la terrasse d'un café.

Hommage à la ville

Entre pauses clopes et cafés, les deux femmes commencent à expliquer les débuts de leur aventure : « A la base, nous étions dans la troupe des Affranchis, mais l'année dernière, nous avons décidé de former notre propre troupe avec uniquement des copains », explique Isabelle. Tout en buvant leur café, elles précisent le fonctionnement du groupe. Mais qui sont les huit atomes manquants à l'appel ? Agés de 21 à 42 ans, Florian, Florent, Aloïs, Alexandre, Tristan, Clément, Marie et Roxana partagent leur vie entre leurs boulots et leur passion pour l'improvisation.

En parlant d'impro, Clément, le plus jeune de l'équipe, vient nous rejoindre. Après un « bonjour » timide, il se joint à la conversation. Entre eux, la connexion est explosive, presque comme… Un coup de grisou : « Nous voulions relier l'histoire minière de Sainté avec notre bonne entente et notre complicité. A l'époque, un coup de grisou, c'était une explosion dans la mine », ajoute Audrey tandis que Clément acquiesce silencieusement.

Dans la vie, il faut se lâcher

Les trois comédiens n'ayant pas leurs langues dans la poche, on en apprend un peu plus sur leur amour de l'impro. Isabelle et Audrey, souriantes et pleines d'humour, se coupent et s'entrecoupent la parole tandis que Clément rit sous cape. Au bout d'une dizaine de minutes, nous comprenons ce qui fait la force de cette troupe : « Tout est basé sur la création à l'état pur, établie sur nos personnalités, sur nous-mêmes. On a plaisir à jouer notamment quand c'est fondé sur la surprise, la spontanéité et le lâcher prise » précisent les deux comédiennes.

Quand on leur demande quel type de personnalité peut matcher avec l'impro, Clément se pointe du doigt en rigolant. Introverti ou extraverti, réservé ou bavard… Il n'y pas de caractère type pour faire de l'improvisation : « C'est justement ça qu'on essaie de combattre durant nos cours, on fait souvent des exercices de lâcher prise pour nous aider à sortir de notre caractère de tous les jours, afin de faire ressortir le côté explosif en nous » explique Audrey.

Tout en rallumant une nouvelle cigarette, Isabelle nous explique l'impact que ces exercices ont sur leur vie et leur travail : « L'improvisation aide beaucoup certains d'entre nous. Cela leur permet de se libérer et de les faire sortir de leur zone de confort ». Clément approuve, et déclare que l'impro lui a également permis d'être meilleur dans son quotidien : « Je suis étudiant en lettres et je sais que grâce à l'impro, je suis beaucoup plus à l'aise devant un public pendant mes exposés oraux par exemple ».

L'impro fait son show

Au cours de l'entretien, ils se parlent, se regardent, rigolent et se comprennent mutuellement. Un lien très fort les unis et les conduit d'ailleurs aujourd'hui à organiser leur propre festival, qu'ils ont décidé de nommer… Le festival de l'ornithorynque. Pourquoi celui-là, et pas un autre animal ? Isabelle, graphiste de la bande, n'y trouve aucune raison particulière : « En fait, c'est un thème qui revient assez souvent lors de nos spectacles. Le public est obsédé par les ornithorynques apparemment. Vous pouvez être sûr de retrouver cet animal lors de nos représentations. Pour la deuxième édition, peut-être que ce sera le festival de l'autruche avec un éléphant sur le flyer », plaisante Isabelle.

Le festival accueillera deux formes de l'impro : le match et le format long. Toujours en interaction avec le public, les comédiens seront sur scène le 29 juin pour le concept long et le 30 juin pour leur match.

Le 7e art dans toute sa splendeur

Les Grisous, comme le regroupement de 10 personnalités bien distinctes. L'impro, comme une pièce de théâtre de sa propre vie… Et c'est parti pour l'aventure : « Nous n'avons aucun dialogue, aucun script, juste le thème de la pièce », précise Audrey. Et comme dans la vie, il arrive qu'on fasse des boulettes. Morts de rire lorsqu'on évoque le sujet, la réponse des trois copains prouve la solidarité qui règne entre eux : « Bien sûr qu'on s'aide. Lorsqu'on se rend compte qu'il y a un camarade qui ne sait plus quoi dire, on va l'aider et généralement, le public ne s'en rend même pas compte ».

Pour faire partie de la troupe, deux principales qualités sont ainsi requises : la bienveillance, et l'écoute. Bien que la troupe demande au minimum une formation d'un an de théâtre au préalable, cette dernière se définit beaucoup plus comme un groupe de potes qui se fait plaisir, que comme une troupe de théâtre sélective. Et qui dit groupe de potes dit forcément beaucoup de conneries en commun, beaucoup de fun et beaucoup d'improvisation… Pourvu que tout reste toujours collectif

Festival de l'Ornithorynque, 29 et 30 juin 2023, La Ricane

 


<< article précédent
Intérieur cuivre