La force du baobab est dans ses racines

Les pieds dans l'eau

Vichy, Bangaly et Jackson. Ils ont 26 ans pour les deux premiers et 20 ans pour le dernier, et, pour eux, l'aventure a commencé il y a deux ans. À l'époque, les trois jeunes hommes ont très envie de suivre les pas de leurs aînés : « Au départ, avec les plus âgés, on s'entrainait sur la plage. La mer et le sable ont été le point de départ de notre périple. On n'avait rien d'autre pour pouvoir s'entraîner », explique Vichy. Tous trois issus de familles pauvres, ils ont trouvé avec le cirque un moyen de s'échapper de la misère, malgré le peu d'aide qui leur était apportée : « Le gouvernement ne nous soutenait pas du tout, on a dû se construire tout seuls », poursuit le jeune homme.

Créee en 1998 dans la capitale guinéenne Conakry, la troupe se compose de plusieurs générations, chacune reprenant le flambeau de l'autre au fil du temps depuis 25 ans. Vichy, Bangaly et Jackson font partie de la dernière. Héritiers des pas de leurs aînés, ils forment, aux côtés des onze autres acrobates, la première troupe de cirque du pays. Outre sa renommée et sa participation à l'émission La France a un Incroyable Talent l'année dernière, la troupe a à cœur de faire passer un message beaucoup plus important à travers ses acrobaties.

Le cirque ou l'échappatoire

Bien que leur pays regorge de richesses, plus de la moitié de la population guinéenne vit encore aujourd'hui dans la pauvreté. Une réalité qui conditionne aujourd"hui leur pratique, et leur engagement en faveur d'un cirque accessible à tous et notamment à ceux qui en ont pas les moyens : « Notre but ultime, c'est surtout permettre l'inclusion sociale à travers les métiers du cirque, précise Vichy, nous nous en sommes sortis grâce à la troupe donc si on peut, on veut faire de même pour les jeunes des quartiers comme Montreynaud ».

L'oeil sur l'avenir, leur ambition serait de pouvoir un jour construire une école de cirque pour les jeunes Guinéens et Guinéennes. En attendant, ils profitent aujourd'hui de l'opportunité qu'ils ont de faire découvrir leur métier, leur passion mais aussi leur pays à des enfants qui n'ont pas toujours accès à la culture.

Montreynaud au cœur du chapiteau

En place depuis plus de cinq ans, ce projet de découverte des arts du cirque organisé grâce à une collaboration entre les 7 Collines et plusieurs autres structures *  fédère chaque année un peu plus d'enfants. Complémentaire du programme  « Cirque au collège » installé dans tous les établissements du quartier, cette initiation permet notamment d'attiser la curiosité des jeunes gens : « Notre but est de sensibiliser les jeunes enfants et ados du quartier à cet art, en leur faisant découvrir une autre forme du cirque, contemporaine, et pourquoi pas, leur donner envie de pratiquer », précise Elisa Itturalde, chargée de la communication du festival.

Lors de cet atelier, toujours attentifs et rassurants, les trois jeunes hommes du Circus Baobab ont prévu un enchainement d'exercices pour les enfants. Au programme : un échauffement essentiel pour les muscles, des petits sauts, des roulades avant (attention à bien rentrer la tête), un petit mélange foot/acrobaties, et des pyramides. Pour couronner la séance, deux trois démos de Vichy, Bangaly et Jackson, histoire de mettre un peu de paillettes dans les yeux des jeunes gens.

Rigolade, sport, transpi et bien spur, émerveillement devant la performance ont ainsi rythmé cette matinée chargée... En attendant les deux spectacles des circassiens guinéens, à l'Opéra ce vendredi soir avec le spectacle Yé!  et dans le quartier de Montreynaud ce samedi avec un street show.

Yé !, Circus Baobab, le 30 juin à 20 heures l'Opéra de Saint-Etienne, et Street Show samedi 1er juillet à 17 heures à l'aire de loisirs de Montreynaud (avec deux autres spectacles, événement gratuit)