Histoire d'oublier, un peu, le cours de nos vies…

La 45e édition du festival Rhino-Jazz(s) se déroulera entre Loire, Rhône et Haute-Loire, du 1er au 23 octobre prochain. Un rendez-vous de fidèles à marquer d'une croix sur le planning de la rentrée, que l'on connaisse déjà, ou que ce soit notre première fois. Tour d'horizon.


Il se tient de profil, porte la corne haute et fière, et y accueille un petit oiseau, comme pour dire que chez lui, tout le monde est le bienvenu… Comme chaque année, le Rhino de l'affiche invite au voyage, de clés de sol en croches, de concerts en expériences artistiques, de jazz teinté de quelque chose en jazz teinté d'un autre quelque chose. Vous avez votre billet ? C'est parti pour l'aventure…

Car, d'aventures, il est toujours question avec le Rhino Jazz(s). Créer la surprise, voire, l'événement, se renouveler en gardant un cap, être parfois là où on ne l'attend pas… C'est ainsi que la programmation du festival est conçue par Ludovic Chazalon, son directeur artistique. Lui qui « n'aime pas forcer les projets » se fie avant tout à son instinct et à la puissance de ses rencontres, ficèle son affiche avec le cœur, et emmène par conséquent la musique jusqu'à l'espace-temps douillet capable de réconforter, de faire sourire, pleurer ou claquer des doigts… La recette du succès du corné ? Très certainement l'un des principaux ingrédients.

Habitués...

Les artistes, d'ailleurs, ne s'y trompent pas : si le public en redemande, chanteurs et musiciens sont nombreux à renouveler régulièrement leur expérience Rhino Jazz(s). « On a toujours impliqué les artistes dans le festival, souligne Ludovic. On créé des zones de confiance, on est honnête, on se dit les choses. Et on finit par créer des projets spécialement conçus pour le Rhino, ou même juste des moments particuliers. C'est sans doute pour ça, qu'ils aiment revenir ». Cette année, l'on retrouvera ainsi deux habitués que l'on prendra plaisir à écouter de nouveau.

Le premier, qui fait figure de tête d'affiche, a foulé la scène du festival pour la première fois en 2015. Depuis, ce dernier a poursuivi son chemin, engrangeant les succès. Alors qu'il attaquera peu avant l'hiver une tournée des Zéniths avec son spectacle Capacity to love, Ibrahim Maalouf se produira au Rhino en duo, en présentant Quelques mélodies… Un mariage entre sa trompette et la guitare de son compagnon de route François Delporte, pour un spectacle en forme de « joli bonbon, très bien fait, très bien pensé, qui sera joué à Saint-Chamond devant un public forcément très privilégié », dixit Ludovic. Du second, on a encore en mémoire une version très libre et teintée de Duke Ellington des Quatre Saisons de Vivaldi, proposée sur le Rhino en 2006. Le 15 octobre prochain, le saxophoniste Christophe Monniot se produira cette fois-ci en duo avec l'accordéoniste Didier Ithursarry, dans le cadre intimiste de l'église de Génilac. Un mélange gourmand-croquant de musiques savantes et populaires, pour un moment d'intenses émotions.

... Et talents à découvrir

Mais on le sait car il s'agit d'une bien fameuse redondance : le festival à la corne se veut également vecteur de nouveauté ou de découverte… Et nous suggère donc de venir tendre les oreilles pour écouter des artistes qu'on ne connait peut-être pas, ou mal. Le choix est vaste, et pourra se faire en fonction des ses affinités. Aficionado de l'ambiance survoltée des clubs londoniens ? On ira faire un tour du côté du Quarto d'Unieux pour assister à l'incroyable show du groupe rock Tankus The Henge, (voir page 16-17). Déprimé dès que l'hiver approche et que le ciel s'assombrit ? Rendez-vous à l'église de Saint-Paul-en-Cornillon pour découvrir Joao Pedro Teixeira. Accordéoniste brésilien, musicien des bals de nuit, compositeur, arrangeur, Joao Pedro révèlera en solo la suavité de son phrasé et la virtuosité de ses compostions. Amateur du vent frais qui gifle la figure ? Il ne faudra pas manquer l'inestimable venue du violoniste Mario Forte. Phénomène virtuose formé au classique puis au jazz, passé par les clubs underground new-yorkais, Mario se produira en trio, accompagné du multi-percussionniste brésilien Adriano « DD » Tenorio et du vocaliste-rappeur-beatboxer Andy Nivalle, artiste caribéen également chorégraphe basé en Hollande et figure de la scène jazz anglo-saxonne.

Dialogue entre lieux et musiciens

Reste que le Rhino, qui nous avait habitués à des projets un peu fous mêlant musique et iconographie, semble avoir cette année laissé le second de côté. Tout au moins… En apparence. Car, à y regarder de plus près, le parcours musical proposé cette année au cours de ces trois semaines a finalement quelque chose d'assez cinématographique. D'autant que certains concerts, pensés pour des lieux, donneront aux yeux au moins autant de plaisir qu'aux oreilles, grâce au dialogue instauré entre l'artiste et l'endroit. Comme une œuvre éphémère, la jeune pianiste suisse Marie Krüttli jouera ainsi au beau milieu de la galerie stéphanoise Ceysson et Bénetière, sans scène, son piano simplement posé au niveau du parterre. Dans une constante exploration de nouveaux terrains de jeu, un concert d'Yilian Cañizares, prodige cubaine du violon et du chant, aura lieu dans les ateliers de la société Barbier, à Monistrol-sur-Loire. L'usine de plasturgie, au quotidien traversée par les tintements des machines, accueillera ainsi en contre-emploi tout ce que la musique peut avoir de plus sensuel et doux.  Lieux nombreux et ainsi hybridifiés, talents connus et reconnus, pépites à ne pas manquer… Une 45e édition à côté de laquelle il ne faut absolument pas passer.

Programme complet à retrouver en ligne sur https://rhinojazz.com/


 

Brillanti̇́simo

Il est l'un des plus grands pianistes cubains encore en vie, et la figure la plus influente du jazz afro-cubain moderne. Son passage à Saint-Étienne – alors qu'il ne se produit en France que deux fois sur cette tournée – est un véritable événement. Chucho Valdès, 82 ans au compteur dont 60 et des poussières de carrière, est le genre d'artiste que l'on peut regretter longtemps d'avoir loupé en écoutant les autres raconter le concert auquel on n'a pas assisté. Mambo, pop, musique traditionnelle africaine ou cubaine, musique classique, musique contemporaine… Tout, absolument tout ce qui passe dans l'oreille de Chucho devient pour lui matière à attraper, malaxer, arranger, mélanger, pour nourrir son propre style. Avant-gardiste, artisan de multiples passerelles entre les styles, les mélodies, et in fine, les gens, il se produira à l'Opéra en quartet, pour un moment des plus exaltants…

Jeudi 5 octobre à 20h à l'Opéra de Saint-Étienne

 


En résidences

Cette année, deux groupes intègreront le Rhino via des résidences. Toto ST, aka le Kid de Luanda (voir p20) mènera ainsi des actions auprès de plus de 1500 enfants des écoles élémentaires partenaires du Rhino Jazz(s), lors d'ateliers et de concerts. Ces derniers pourront découvrir sa musique, sa culture, et éveiller leur ouïe à des sonorités auxquelles ils seront sensibles, à n'en pas douter…

Deux collectifs réunis dans une formation unique mêlant des musiques traditionnelles des 4 coins du monde… Bienvenue chez Grand Tabazu ! Après un travail de répétition mené à Rive-de-Gier, 12 musiciens de Mazalda et de la Cie Impérial se produiront sur le marché de la ville le 17 octobre puis le lendemain en ouverture du concert d'Antonio Lizana à la salle Jean Dasté. On retrouvera l'ensemble le 19 octobre pour un concert donné dans le parc Nelson Mandela de Saint-Chamond.

 

 


<< article précédent
Festin du Forez