Flore

De Jean-Albert Lièvre (Fr, 1h33) documentaire

Plutôt que de la laisser dépérir dans des institutions mouroirs où la camisole chimique remplace un vrai traitement humain de la maladie d’Alzheimer, Jean-Albert Lièvre a fait le pari de ramener sa mère, Flore, dans sa Corse natale en espérant que ce contact avec cette nature qu’elle aimait lui redonnerait l’envie de vivre, à défaut de la mémoire. Le film qu’il a tiré de cette expérience est donc un appel optimiste à ne pas baisser les bras face à l’inéluctable, même s’il ne cherche pas à lui donner une valeur exemplaire non plus.

Cinématographiquement, c’est une autre histoire : le début, qui tente de peindre l’état d’enfermement et d’angoisse du malade «de l’intérieur», est plutôt intéressant. La suite, qui se concentre sur le lent retour à la vie de Flore, se situe toujours à la lisière du voyeurisme télévisuel. C’est sans doute ce qui trouble le plus le cinéphile face à Flore : les images édéniques de la mémoire effacée sont ceux de vieux films super 8, tandis que le reste est tourné avec tous les moyens vidéo modernes — téléphone, DV, HD — comme si le numérique n’était plus qu’une matière à témoignage, incapable de fabriquer des souvenirs, simple reflet d’une pulsion scopique où l’on filme tout, tout le temps. Pas pour en garder la trace, mais pour en prélever ce que l’image contient d’édifiant.

C’est aussi la différence entre les documentaristes classiques et sûrs de leur fait (Depardon, Ophüls) et ceux d’aujourd’hui, inondant de tubes pop et d’effets de montage leurs métrages pour leur donner du relief.

Christophe Chabert

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