Guerres et plaies

'71
De Yann Demange (Angl, 1h39) avec Jack O'Connell (II), Lewis Paul Anderson...

Irlande du Nord en 1971, Tchétchénie en 1999 : le mois de novembre cinématographique met deux grands conflits du XXe siècle au cœur de ses fictions. Et pour se remettre de la boucherie, rien de tel qu’un bon docu sur la viande ! Christophe Chabert

Ce fut une des révélations du dernier festival de Berlin : ’71 (26 novembre), premier film de Yann Demange qui raconte le calvaire d’un jeune soldat britannique perdu au milieu du conflit nord-irlandais à Belfast en 1971. Plutôt que de recycler le réalisme d’un Paul Greengrass dans Bloody Sunday, Demange choisit la voie du film de genre, avec un récit qui calque sur le canon vietnamien tel que le cinéma américain l’a défini à partir de Platoon, et une mise en scène électrisante et virtuose où la tension dramatique et le suspense ne sont jamais pris en défaut, même lors de cette parenthèse étonnante où le soldat fraternise avec un gamin aux faux airs de caïd. L’apogée du film, dans une barre d’immeuble glauque sous la pluie, est digne d’un Johnnie To. Autant dire qu’on tient là un jeune cinéaste prometteur.

Guerre encore, mais en Tchétchénie en 1999 : après le triomphe planétaire de The Artist, Michel Hazanavicius prend le risque de changer radicalement de voie avec The Search (26 novembre). On y voit l’amitié qui se développe entre une chargée de mission pour l’Union européeenne (Bérénice Béjo) et un gamin livré à lui-même après la mort de ses parents. En parallèle, on assiste à la transformation d’un paumé russe en machine de guerre, récit a priori autonome par rapport au reste de l’intrigue… À Cannes, le film avait été présenté dans une version trop longue et inutilement didactique, mais où déjà apparaissaient de belles qualités de mise en scène, intelligente et pudique. Depuis Hazanavicius a revu sa copie et le film sort dans un montage réduit de vingt-cinq minutes ; on ne l’a pas encore vu, mais de l’avis général, c’est beaucoup plus réussi.

Le steak, star de cinéma

Le documentaire, lui, fait dans la boucherie fine avec Steak (R)évolution (5 novembre) de Franck Ribière, enquête joyeuse et goûteuse à la recherche du meilleur steak du monde, avec pour guide le boucher star Yves-Marie Le Bourdonnec. Soit un tour de la planète qui célèbre à la fois la bonne viande, produite, découpée et cuisinée par d’authentiques amoureux de leur métier, tous conscients que l’avenir est à l’éco-responsabilité : finie la production industrielle, bienvenue dans un monde où les bêtes sont élevées en fonction de leur paysage et où la viande est maturée comme un produit rare. On peut souffler : enfin un documentaire écolo qui ne fait pas la morale, mais préfère mettre l’eau à la bouche sans donner mauvaise conscience !

 

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