Fidélio, l'odyssée d'Alice

Fidelio, l’odyssée d’Alice
De Lucie Borleteau (Fr, 1h37) avec Ariane Labed, Melvil Poupaud...

«Une fille dans chaque port» : c’est une devise des marins, et elle en dit long sur l’univers hautement viril qui règne au sein des équipages. Fidélio, premier long de Lucie Borleteau, vient mettre un bon coup de girl power dans ce petit monde, en propulsant la trentenaire Alice sur un cargo pour une mission de trois mois en tant que mécanicienne. À terre, elle a laissé son copain Felix — Anders Danielsen Lie, le héros d’Oslo 31 août ; à bord, elle retrouve son grand amour, Gaël, capitaine du Fidélio — Melvil Poupaud.

Le féminisme du film n’a pourtant rien d’un chemin de roses : Alice doit d’abord s’imposer face à des marins en manque, pensant trouver en elle une proie facile. Sa stratégie est double : d’un côté, marquer ses distances, de l’autre, jouer d’égale à égaux, quitte à accepter certaines coutumes très masculines — un boy black "offert" pour son anniversaire au cours d’une escale. Vient aussi se greffer le souvenir du mécanicien précédent, mort dans des circonstances troubles, dont le journal intime révèle ses failles affectives et son besoin de les combler par le sexe tarifé.

Borleteau réussit à déterritorialiser avec un certain talent le pré carré du jeune cinéma français — les amours compliquées, les doutes existentiels — par son cadre exotique. Mais la vraie force du film, c’est son actrice, Ariane Labed. Découverte chez le duo grec Lanthimos / Tsangaray, elle explose ici par sa présence physique, à la fois dure et sensuelle, belle mais jamais lisse, forte mais pas rigide. Une comédienne exceptionnelle dans un film très prometteur.

Christophe Chabert

Fidélio, l’odyssée d’Alice
De Lucie Borleteau (Fr, 1h37) avec Ariane Labed, Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie…

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