Pasolini

Pasolini
D'Abel Ferrara (Fr-It-Belg, 1h24) avec Willem Dafoe, Ninetto Davoli...

Etre ou ne pas être un biopic, là est la question qui se pose à tout cinéaste qui se respecte abordant la vie d’un homme célèbre. Pasolini vu par Ferrara n’est pas plus une bio filmée de l’auteur d’Accatone que ne l’était le Saint Laurent de Bonello ; ladite vie est réduite aux dernières vingt-quatre heures du romancier-réalisateur-essayiste, mais Ferrara crée des trouées de fiction dans sa chronologie : les images de Salo, des extraits de Pétrole, grande œuvre romanesque inachevée, ou un article polémique sur le monde contemporain deviennent les réels événements de la première partie, de loin ce que Ferrara a tourné de mieux depuis des lustres.

Pasolini — et son interprète, Willem Daffoe, excellent — avance d’un pas serein vers une fin dont il semble avoir la prémonition, comme en témoigne cette scène magnifiquement mise en scène où la caméra accompagne son retour dans sa famille sans effusion, dans une harmonie retrouvée où chacun reprend naturellement sa place. La manière dont Ferrara adapte à l’écran les bribes de son dernier roman est un beau tour de force, dans une fusion assez belle entre son propre style et celui de Pasolini.

En revanche, le film s’écroule dès qu’il s’engage dans la reconstitution du fait-divers. Privilégiant la thèse officielle du crime crapuleux, Ferrara se contente d’en illustrer le déroulement sordide avec une surprenante neutralité, se contentant d’une musique éminemment sulpicienne pour souligner le martyre de Pasolini. Il n’y a alors plus grand-chose à voir à l’écran, et le film, pourtant très court, paraît d’un coup presque trop long.

Christophe Chabert

Pasolini
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