Quand on a 17 ans

Quand on a 17 ans
D'André Téchiné (Fr., 2016, 1h56) avec Sandrine Kiberlain

Des ados mal dans leur peau se cherchent… et finissent par se trouver à leur goût. Renouant avec l’intensité et l’incandescence, André Téchiné montre qu’un cinéaste n’est pas exsangue à 73 ans.

Autant l’avouer, on avait un peu perdu de vue Téchiné depuis quelques années : le cinéaste a pourtant tourné sans relâche, mais comme à son seul profit (ou en rond), s’inspirant volontiers de faits divers pour des films titrés de manière la plus vague possible — La Fille du RER, L’Homme qu’on aimait trop — à mille lieues de ses grandes œuvres obsessionnelles et déchirantes des années 1970-1990, de ses passions troubles, lyriques ou ravageuses.

Comme si le triomphe des Roseaux sauvages (1994), puisé dans sa propre adolescence, avait perturbé le cours initial de sa carrière… Cela ne l’a pas empêché d’asséner de loin en loin un film pareil à une claque, à une coupe sagittale dans l’époque — ce fut le cas avec Les Témoins (2007), brillant regard sur les années sida.

Le chenu et les roseaux

De même que certains écrivains trouvent leur épanouissement en se faisant diaristes, c’est en prenant la place du chroniqueur que Téchiné se révèle le plus habile, accompagnant ses personnages de préférence sur une longue période, les couvant de l’œil pour mieux suivre leur(s) métamorphose(s), l’évolution de leurs rapports. Les adolescents se révèlent des sujets de choix : en proie à des pulsions violentes, inconnues, incertaines et parfois contradictoires.

Quand on a 17 ans retrouve et renouvelle la fièvre des Roseaux, dans un décor plus contemporain : contexte rural, arrière-plan militaire, violence latente, fascination pour les corps dans le jeu des muscles, affirmation d’une identité homosexuelle… Le cinéaste montre tout sans outrance et n’élude rien dans l’histoire d’amour ”frappant“, c’est le cas de le dire, ses deux héros, Damien et Tom.

Ce retour en grâce (ou à l’état de grâce) de Téchiné doit beaucoup, on le pressent, à sa collaboration avec une nouvelle coscénariste, en l’occurrence Céline Sciamma. L’auteure de Tomboy (2011) et de Bande de filles (2014) l’a certainement incité à fendre l’armure, à tendre vers la vie présente plutôt que de se réfugier dans la remembrance nostalgique. Elle n’est pas la seule “jeunesse” à l’accompagner sur ce film : outre les deux comédiens principaux Corentin Fila et Kacey Mottet-Klein (déjà repéré chez Ursula Meier), un nouveau compositeur est ici crédité, Alexis Rault, dont la partition évoque l’esprit de Philippe Sarde, habituel complice du réalisateur. Les temps changent. VR

Quand on a 17 ans
de André Téchiné (Fr, 1h54) avec Kacey Mottet Klein, Corentin Fila, Sandrine Kiberlain…

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