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Panorama février 2017 / Bien que les lendemains aient un peu trop la mauvaise habitude de déchanter, un optimisme inébranlable nous pousse à les espérer toujours plus mélodieux. Certes, le passé est écrit, mais l’imprévisible et la combativité infléchissent le dessin du futur. La preuve sur les écrans…

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », dit un proverbe empruntant autant à Nietzsche qu’à Darwin. Il s’applique en tout cas bien à la majorité des films de ce mois, qui parlent à des degrés divers de résilience, résistance, survie ou de sélection naturelle. À des degrés Celsius inférieur à zéro, forcément, pour Luc Jacquet avec L’Empereur (15 février), récit littéralement ab ovo du cycle de l’existence de son animal fétiche : il prolonge en effet ici sa Marche de l’Empereur qui lui avait apporté une notoriété mondiale. À la fois film à suspense — comment l’œuf survit au froid ; comment le poussin éclôt, grandit malgré les conditions extrêmes et les prédateurs sur la banquise, avant de rejoindre l’océan guidé par son instinct — et doc-nature aux images stupéfiantes, ce voyage antarctique narré par Lambert Wilson se double d’un hymne à la fragilité de la vie et de la Nature.

Continuant de s’imposer en patron du cinéma mondial par la polyvalence de son art et la justesse de son propos, Ang Lee livre avec Un jour dans la vie de Billy Lynn (1er février, photo) une œuvre existentialiste centrée sur les 24 heures de permission bien dérisoires ressenties par un militaire ayant accompli un acte héroïque sur le front irakien. Il y montre la rémanence traumatique du conflit chez les troufions comme l’obscénité des va-t-en-guerre, tirant d’indécents bénéfices à mille lieues des bombes. Dressant un portrait sans fard des hypocrisies ordinaires des neveux de l’Oncle Sam, il donne à Kristen Stewart, Steve Martin et même Vin Diesel d’excellents seconds rôles dramatiques face au jeune Joe Alwyn, interprète du rôle-titre. Reste à espérer que ce film moins ambigu dans son propos qu’un Eastwood soit vu outre-Atlantique, et qu’il fasse méditer.

Enfances & défenses

Anne-Dauphine Julliand a quant à elle suivi le quotidien d’enfants atteints d’affections lourdes pour Et les mistrals gagnants (1er février), nous permettant d’entendre leur étonnante lucidité et maturité lorsqu’ils évoquent leur maladie. Un regard dépourvu de pathos (malgré le titre en référence à la chanson de Renaud), de voyeurisme et de complaisance, qui rappelle un beau documentaire de Denis Gheerbrant, La Vie est immense et pleine de dangers (1995), sur un sujet similaire et traité avec la même sensibilité.

Les gamins ne sont pas à la fête non plus sous la direction de Gilles Marchand. Avec Dans la forêt, (15 février) le réalisateur de Mais qui a tué Bambi ? (2003) modèle un survival aux échos shiningien dans des bois suédois reculés, où un père insomniaque et possédé entraîne ses deux fils pour une inquiétante excursion. Marchand demeure à la lisière du réel, comme s’il n’osait pas totalement s’aventurer sous la futaie du fantastique et du gore, mais signe toutefois un film que son imprévisibilité rend plaisamment étrange.

Adaptations de l’espèce

Claire Simon ayant déjà traité dans ses documentaires des enfants (Récréations) et de la forêt (Le Bois dont les rêves sont faits), elle s’intéresse dans Le Concours (8 février) aux épreuves éliminatoires présentées par les candidats à la FEMIS, l’aristocratie des écoles de cinéma. Passionnant pour les 1 200 candidats annuels — qui sauront ainsi à quelle sauce les examinateurs, plus bienveillants qu’on imagine, s’apprêtent à les dévorer — ce documentaire au long cours risque de perdre en route, faute d’indications basiques, curieux et néophytes. Dommage, car la visite des coulisses d’une grande institution est toujours riche d’enseignements. Et l’on y fait d’insolites rencontres.

Comme dans Rock’n’Roll (15 février) de et avec Guillaume Canet, une auto-fiction naviguant dans la vie privée, voire l’intimité des stars, à l’instar du Grosse Fatigue (1993) de Michel Blanc. Centré sur un Canet tenaillé par la peur d’être rangé dans la catégorie des pépères-de-familles non désirables, et faisant en conséquence l’impossible pour prouver le contraire, la comédie trouve dans sa seconde partie un second souffle délirant assez surprenant, ne l’empêchant pas de durer globalement trop longtemps. C’est pénible, ces gens qui font trop long. Oops…

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