The Disaster Artist : Le fort minable James Franco

The Disaster Artist
De James Franco (ÉU, 1h44) avec James Franco, Dave Franco...

de et avec James Franco (E.-U., 1h44) avec également Dave Franco, Seth Rogen…

Raconté du point de vue de Greg Sestero, un apprenti acteur fasciné par l’excentrique Tommy Wiseau, son condisciple en cours de théâtre, The Disaster Artist raconte comment celui-ci écrivit, produisit et dirigea The Room (2003), un drame si mauvais qu’il fut sacré nanar culte.

Hollywood suit à sa façon le dicton “léché, lâché, lynché” : à l’envers. En clair, une personnalité qui se ridiculise ou déchaîne la vindicte populaire devient, après une nécessaire phase de purgatoire, le substrat idéal pour un film — l’alchimie des studios transformant le vil plomb du réel en or au box-office. Souvent réservés aux politiques (Nixon, Bush), récemment à Tonya Harding, ces biopics volontiers endogènes puisent ainsi dans la masse insondable des casseroles californiennes.

On se souvient que Ed Wood (1994) avait permis à Burton non seulement payer un tribut sincère au roi de la série Z, mais de participer à sa postérité. The Disaster Artist ne peut décemment pas revendiquer la même bienveillance : James Franco faisant de Tommy Wiseau son Schpountz personnel, l’exhibant sur les tapis rouges comme César Vercingétorix vaincu à Rome.

Il y a dans l’attitude de Franco un mixte de cynisme ultime et d’obscénité qui rappelle ces gens justifiant ne pas être raciste en citant quelque ami·e basanné·e : puisqu’il lui lâche les miettes indirecte de sa gloire — tout ce après quoi l’atypique Tommy a couru en vain —, le bon James ne peut être soupçonné de ridiculiser Wiseau, à la ville comme à l’écran. Et pourtant…

S’adjugeant le rôle du type paumé dans sa psychose créatrice, cumulant réalisation et production, le moqueur Franco rivalise en égocentrisme avec son modèle. Certes, le sien est plus admis, plus social — en fait, plus bankable. Mais pour quel résultat ? Artistiquement insipide (n’est pas Hazanavicius qui veut), son film saprophyte est, d’un point de vue éthique, plus bas que terre : en dessous du navet.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 2 février 2016 Après s’être égaré en racontant les tribulations gore d’un randonneur se sciant le bras pour survivre (“127 heures”), Danny Boyle avait besoin de se rattraper. Il fait le job avec une évocation stylisée du patron d’Apple, première super-pop-star...
Mercredi 29 avril 2015 À partir d’un matériau ouvertement intimiste et psychologique, Wim Wenders réaffirme la puissance de la mise en scène en le tournant en 3D, donnant à cette chronique d’un écrivain tourmenté des allures de prototype audacieux. Christophe Chabert
Mercredi 11 juin 2014 Dans la famille Coppola, je demande la petite-fille, Gia, qui s’inscrit dans la lignée de Sofia en regardant l’ennui d’une poignée d’adolescents californiens friqués et à la dérive. Ça pourrait être agaçant, c’est étrangement séduisant et...
Lundi 7 octobre 2013 De et avec James Franco (ÉU, 1h49) avec Tim Blake Nelson, Danny MacBride…
Mardi 12 mars 2013 La rencontre entre Disney et Sam Raimi autour d’une ingénieuse genèse au «Magicien d’Oz» débouche sur un film schizo, où la déclaration d’amour au cinéma du metteur en scène doit cohabiter avec un discours de croisade post-Narnia. Christophe Chabert
Mardi 5 mars 2013 On le croyait égaré dans les paradis artificiels, mais Harmony Korine était en train de les filmer : avec Spring Breakers, il envoie quatre bimbos de la classe moyenne vivre le «rêve américain» en Floride, pour un aller sans retour où...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X