Mode, éthique et pièces uniques : la sape change de camp

Fringues / En quelques années seulement, six friperies ont ouvert leurs portes à Saint-Étienne, proposant leurs pièces uniques à celles et ceux qui souhaitent se démarquer. Zoom sur ces sapeurs nouvelle génération.

Pour Sarah, tout a commencé il y a 15 ans, lors d’une première étude de marché lancée comme ça, pour voir. Dénicheuse de pièces vintages depuis toujours, la jeune femme se tâte alors à monter une boutique... Un projet long, qui va demander du temps, de la patience et de la réflexion. Et puis il y a 6 ans, tout s’accélère. Alors qu’elle est à la recherche d’un local, elle apprend que Banana’s, véritable institution stéphanoise, est sur le point de fermer ses portes. « J’ai aimé l’idée de laisser la lumière allumée dans ce magasin. Je n’ai pas repris l’affaire, je me suis simplement installée au même endroit, parce qu’en réalité, hormis le côté vintage qui fait le lien entre les deux boutiques successives, tout est assez différent », explique la modeuse. Ainsi, à la Belette, on vient trouver des vêtements anciens, de qualité car conçus pour durer, et qu’on ne verra pas chez tout le monde…

We love vintage

Ce que propose également Chloé, dernière-née de la fripe, qui a ouvert sa Dealeuse de Chiffons en septembre. D’abord lancée sur internet, sa boutique est aussi la concrétisation de sa passion pour la seconde main, la chine, et le besoin irrépressible de débusquer un trésor bien caché. « Je fais la sélection moi-même, en essayant de repérer le potentiel du vêtement, en fonction de sa qualité. Ensuite, il est lavé, repassé, et passe par un éventuel petit point de couture si besoin, avant d’atterrir en rayon où il sera vendu à un tarif accessible ».

Marques et luxe

Et sur la question des tarifs… La politique n’est pas la même partout. Rue de la République, Léopold et Nelly, sapés sportwear 90’s de la chaussette à la casquette, ne s’en cachent pas : si leur boutique s’appelle La grosse fripe à Popol, eux se voient davantage comme des brocanteurs du vêtement : « On vend de la seconde main, certes, mais de la marque, du premium, voire, du luxe. Donc, les prix affichés ne sont pas vraiment ceux d’une friperie. Les gens viennent chez nous pour trouver des pièces rares, et ce qui est rare… » Pour autant, ces deux-là, qui ont démarré sur internet pour écouler leurs stocks persos, sont tout de même ravis de sauver des vêtements d’une fin de carrière précoce : « Nous n’avons pas monté notre boutique dans une démarche écolo, mais parce qu’on aime l’ancien, et les vêtements de qualité. Certains tissus, certaines pièces traversent le monde pour arriver jusqu’à nous… Mais l’idée est néanmoins de sortir du modèle de la fast fashion, donc notre passion croise finalement des valeurs éthiques, en effet. »

Conso éco-responsable

À l’inverse, passage Sainte-Catherine, la boutique Des Pauses Thés Fripes montée par Gabrielle a justement été conçue dans une démarche éco-responsable. Pas étonnant, d’ailleurs, que la jeune femme ait choisi de créer un lieu plus qu’un magasin, il y a un peu plus de trois ans. Ici, en temps normal, on vient chiner une jolie pièce, mais aussi boire un thé ou un café… Ou déposer des fringues dont on ne veut plus, sur le principe du dépôt-vente : « Je n’ai pas d’exigence de marque, de style, de taille. Je pars du principe que si un vêtement est en bon état, il peut encore servir. Je garde ce que l’on m’apporte durant 1 mois. Si les vêtements ne se sont pas vendus, les clients les récupèrent, ou me les laissent pour que je les donne à des associations. » Ainsi peut-on dénicher ici des pièces qu’on ne verra donc pas chez tout le monde… A un tarif très abordable.

À ces quatre boutiques, il faut aujourd’hui en ajouter deux autres à Saint-Étienne. Mais, signe que les modes de consommation changent, et que l’acte d’achat se veut de plus en plus réfléchi, toutes ont jusqu’ici réussi à trouver leur place dans le paysage. Peu inquiétés par le risque de se faire arracher des clients par les autres, la plupart de ces nouveaux sapeurs sont au contraire assez heureux de constater qu’une nouvelle page du commerce est peut-être en train de s’écrire dans notre ville : « Tant mieux, que l’on soit de plus en plus nombreux, estime Sarah de la Belette. Cela signifie sans doute que les consommateurs se responsabilisent de plus en plus. Comme pour toutes les autres boutiques de vêtements du monde, on peut supposer que les clients trouveront leur bonheur tantôt chez moi, tantôt chez les autres, et qu’il y a donc de la place pour tout le monde. »


Où les trouver ?
- La Belette, du mardi au jeudi de 14 heures à 19 heures ; vendredi et samedi de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 19 heures, 9 rue Notre-Dame
- Dealeuse de Chiffons, du mercredi au vendredi de 11 heures à 19 heures, le samedi de 10 heures à 19 heures, 15 rue de la Ville
- La Grosse Fripe à Popol, mercredi et samedi de 14 heures à 19 heures, 20 bis rue de la République
- Des Pauses thé fripes, du mardi au jeudi de 10 heures à 18 heures ; vendredi et samedi de 10 heures à 18h30, Passage Sainte-Catherine.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 12 avril 2022 Retour derrière le micro pour Malik Bentalha, voix française de Sonic le hérisson dans le deuxième opus de la franchise Sega-Paramount. L’occasion de poursuivre la conversation avec ce fan absolu des années 1980, débordant d’enthousiasme et de...
Jeudi 2 novembre 2017 C’est une première à Saint-Étienne : le deuxième Forum JAZZ européen se tiendra chez nous du 22 au 26 novembre avec notamment une cinquantaine de concerts. Outre la venue du pianiste Laurent de Wilde, parrain de l’événement, c’est près de cent...
Mardi 3 octobre 2017 L’église de Villars sera l’écrin parfait, dimanche 15 octobre à 18h, pour accueillir le délicat duo que forment le violoncelliste globe-trotter Vincent Segal (...)
Mardi 6 juin 2017 Avec la pièce écrite par Tanguy Viel pour la promotion 27 de la Comédie, on est transportés dans l’ambiance de tournage d’un film d’action. Des scènes truculentes mêlant auto-dérision et sensibilité poétique.
Jeudi 2 février 2017 De ses dommages collatéraux en Irak à ses ravages muets sur un soldat texan rentré au bercail pour y être exhibé comme un héros, la guerre… et tout ce qui s’ensuit. 24 heures de paradoxes étasuniens synthétisés par un patron du cinéma mondial, le...
Samedi 7 mai 2016 Avec plus de 20 000 spectateurs chaque année, le Foreztival de Trelins, à proximité de Montbrison, est un des festivals incontournables de l'été dans la Loire (...)
Mardi 31 mars 2015 Après avoir dirigé «La Clémence de Titus» en février dernier, David Reiland, premier chef invité à l´Opéra-Théâtre de Saint-Étienne, va diriger une nouvelle fois une œuvre du grand Mozart, «La Flûte Enchantée», à la fin du mois. Rencontre avec ce...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X