"J'ai choisi l'arrêt avant l'épuisement"

Le groupe Angil & The Hiddentracks, formation stéphanoise ayant agité l'actualité pop rock alternative ces dernières années, sortira en décembre prochain son dernier disque intitulé "Lines". L'arrêt d'une belle aventure musicale sur laquelle Mickaël Mottet aka Angil revient pour nous. Propos recueillis par MB et NB.

Pouvez-vous revenir sur l'aventure Angil & The Hiddentracks ? Combien d'années d'existence ? Quelle était la raison d'être de ce projet ?

Angil : Sous la forme actuelle, nous existons depuis l’enregistrement de l’album Oulipo Saliva, sorti en 2007. J’avais fait deux albums auparavant sous le nom Angil, avec déjà certains Hiddentracks. Des membres sont allés et venus depuis, mais c’est vraiment avec ce disque que le projet a pris sa forme et son nom. L’idée de départ était de constituer un collectif de musiciens (batterie, contrebasse, cuivres, bois, cordes, ainsi qu’un illustrateur et un ingé son) pour jouer les chansons que j’écrivais. Dans notre dernière incarnation, nous sommes 9 : huit musiciens et notre illustrateur, Guillaume Long.

Narrow Minds, titre extrait de l'album Oulipo Saliva

L'EP "Lines" sera l'ultime sortie de ce projet, pourquoi s'arrêter là ?

J’ai choisi l’arrêt avant l’épuisement. Malgré un soutien indéniable de tous les Hiddentracks à mes efforts pour nous faire exister, organiser la plupart de nos concerts, communiquer, etc., le groupe commençait à se déliter, et moi à lui trouver moins de sens. On a toujours été bien soutenus par certains médias (webzines spécialisés, radios indés, certains médias nationaux), mais avec les autres, c’est comme s’il fallait refaire nos preuves à chaque nouvelle sortie, comme si rien n’était acquis au-delà d’un microcosme de personnes qui apprécient notre musique. Pour schématiser, c’est un peu comme si, en France, 300 personnes nous trouvaient importants, 3000 nous respectaient et le reste des amateurs de musique avaient au mieux vaguement entendu parler de nous, au pire ne nous connaissaient absolument pas, soit parce qu’il s’en foutent, soit parce qu’on ne leur a pas donné accès à notre musique. Je ne vise personne de particulier avec ce “on”, c’est juste un constat. Le grand public ne m’a jamais obsédé, je ne nous ai jamais imaginé en playlist de RTL2, mais il y a peut-être un juste milieu qu’on n’a jamais vraiment atteint, une zone où les choses deviendraient un peu plus faciles, à force. Le truc qui m’a achevé, c’est quand je montais une tournée avec Laetitia Sadier. Je me suis retrouvé à négocier un simple défraiement pour les 7 Hiddentracks (dont 3 intermittents) sur la route, plus 200 € pour une chanteuse souvent considérée comme culte. Et ce avec les 6 programmateurs français qui m’avaient répondu, dont un qui a annulé deux semaines avant la date. Ce genre de situations, ça finit par poser question...

Y-aura-t-il des concerts qui suivront cette sortie ?

On a fait signe aux programmateurs, notre tourneur Soyouz a fait un mailing spécial aux salles pour leur dire “eux, c’est maintenant ou jamais”... Zéro sollicitation. Je m’étais dit que l’effet d’annonce aurait peut-être l’effet inverse, mais je me suis trompé.

 

Sur "Lines", quelle orientation musicale avez-vous pris ? Y-aura-t-il des surprises ? Des invités ? Réunirez-vous tous les membres des Hiddentracks dans ce disque ?

J’ai réalisé avec Lines le disque dont je rêvais depuis longtemps : le groupe entier dans une seule pièce, quelques micros répartis intelligemment, et voilà. Tout en prise de son live, aucune séparation artificielle entre nous, aucun casque sur nos oreilles, et plus d’obsession pour ce que les ingés son appellent la “repisse”, c’est-à-dire les sons les plus aigus et les plus sonores que l’on entend dans tous les micros des autres instruments. C’est en allant volontairement vers le “moins”, vers l’économie de moyens, qu’on a atteint cet objectif : il n’y a pas un micro par instrument, on n’a pas enregistré dans des conditions high tech, on n’était pas dans un studio. Au bout du compte, il y a sur Lines le son après lequel je courais depuis longtemps. Ca ne veut pas dire que je regrette les enregistrements précédents, tous riches de nombreux enseignements et dont je suis encore très fier (à commencer par le maxi précédent, Fucking, enregistré dans des conditions diamétralement opposées). Mais avec Lines, et en travaillant avec le génial musicien Michael Wookey aux manettes, c’est un peu comme si je m’étais souvenu qu’on était intrinsèquement un groupe lo-fi. Il n'y aura pas d'invités, non. Ce sont 4 titres assez tendus, avec pas mal de chœurs, et le côté "authentique" et un peu brut de la prise live.

 

Vous avez choisi le financement participatif via un site pour financer ce disque ? Pour quelle raison ?

C’est l’un des avantages de cette communauté de soutiens indéfectibles que j’évoquais juste avant, ces fameux “300 pour qui nous sommes importants”. On sait qu’on peut faire appel à eux pour qu’ils pré-commandent notre disque, ce qu’ils auraient fait “quoiqu’il arrive”, et qu’ils le font d’autant plus volontiers qu’il y a de petits cadeaux supplémentaires, via le site Microcultures. La contrepartie pour nous, c’est d’être certains de pouvoir sortir un joli objet (en l’occurrence, un vinyle 25 cm), et de payer Michael pour son travail. Leur aide a été d’autant plus précieuse que, pour une fois, la Ville de St Etienne ne nous a pas apporté la petite aide qu’ils nous avait accordée sur les projets précédents. Ils ont été très transparents dans leur explication : place aux autres, pas toujours les mêmes. C’est légitime.

 

Juste un mot pour revenir sur la sortie avec Jim Putnam (du groupe de Los Angeles Radar Bros.). Comment s'est créé ce projet ?

Jim et moi étions amis depuis plusieurs années, et proches depuis une tournée commune en France. C’est lui qui a eu l’idée d’un album à deux, enregistré chacun de notre côté de l’Atlantique ; ça ne se refuse pas, Jim est l’une de mes idoles !

 

Est-ce un one shot ou y aura t il une suite ?

Il y a une suite en cours : un mini-album de reprises, commandées par des Microcultivateurs (car nous étions également passés par une campagne de crowdfunding pour cet album). Un deuxième album, pourquoi pas ? On verra, mais je sais qu’on s’est bien éclaté tous les deux à bosser sur ce disque, alors, tant que le plaisir reste le centre de gravité d’un projet, autant continuer...

 

Lines, Angil & The Hiddentracks, We Are Unique Records

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 5 juillet 2023 Alerte orange au Puy-en-Velay du 17 au 23 juillet : des rafales venant des 4 coins du monde sont à prévoir. Veillez à vous munir d’appuis bien solides, vous (...)
Vendredi 7 avril 2023 Suite à une expérience visant à réguler la température de la planète, la Terre subit des chaleurs extrêmes qui détruisent la quasi-totalité du monde comme nous le (...)
Jeudi 5 janvier 2023 Une silhouette élégante de nonce apostolique ou de clergyman gravit des escaliers. « Ne vous y fiez pas, il est très drôle, il faut juste le lancer » nous glisse Louis Garrel juste avant notre entrevue avec Michele Placido qui vient de le diriger...
Lundi 5 décembre 2022 Le premier fils, Dimitri, impétueux, sanguin et violent, est le rival de son père, entiché de la même femme que lui. Le second, Ivan, cynique intellectuel athée (...)
Mardi 22 novembre 2022 Chaque mois, Le Petit Bulletin vous emmène à la découverte d’une structure de diffusion culturelle du département. Concerts, théâtre, danse, expos… Il y a forcément un lieu qui vous attend quelque part ! Aujourd’hui, rendez-vous au Château du...
Jeudi 3 novembre 2022 Pour mieux connaître le Petit Bulletin, découvrez ce que ses journalistes écoutent : chaque semaine, un membre de l'équipe partage avec vous sa playlist du moment! Aujourd'hui, Anaïs, notre journaliste-testeuse-des-chouettes-endroits-où-manger, nous...
Mercredi 14 septembre 2022 La préfecture de Haute-Loire s’apprête une nouvelle fois à se parer de ses plus belles plumes, pour les traditionnelles fêtes du Roi de L’Oiseau. L’occasion d’un dépaysement total, au gré des déambulations dans les méandres du passé. En route !
Jeudi 29 septembre 2022 Avec ses paysages sonores qui racontent les grands espaces, le feu, le froid, les hommes et les âmes planantes, uRYa est un pur passeur d’émotions. Venue (...)
Mardi 13 septembre 2022 Dans le cadre des Cafés interculturels coorganisés par le Solar et l’École de l’Oralité, trois grands maîtres nippons illustrent le Japon traditionnel aux côtés (...)
Mardi 6 septembre 2022 Une femme aimante et disponible, un mari charmant et brillant : que pourrait-il arriver à ce couple en apparence parfait ? C’est l’intrigue qui rythme (...)
Mardi 5 juillet 2022 Depuis des lustres (1988 pour être précis), Craponne-sur-Arzon fait figure de référence sur la planète Country Music. Mais après quelques éditions compliquées et à (...)
Mardi 26 avril 2022 Le confinement, c’est loin. La preuve, vous avez arrêté de faire votre pain. Par chance, d’aucunes en ont fait leur profession.
Mardi 26 avril 2022 La Ville de Lyon et la Métropole réglementent l’offre en matière de logements meublés touristiques longue durée dans un hyper centre lyonnais assez large. Excellente nouvelle pour les habitants.
Mardi 26 avril 2022 Toujours là, ces types en costards Paul Smith et pompes en cuir qui brille. Toujours là, ces poignées de mains viriles à qui serrera le plus fort. Toujours là, (...)
Mardi 26 avril 2022 De confinements en couvre-feux, la pandémie aurait presque fait oublier qu’un festival de musiques est avant tout un temps de convivialité partagée, entre amis, dans une foule de mélomanes raisonnablement...
Mardi 26 avril 2022 Fruit du travail de bénédictin d’un homme seul durant sept années,  Junk Head décrit en stop-motion un futur post-apocalyptique où l’humanité aurait atteint l’immortalité mais perdu le sens (et l’essence) de la vie. Un conte de science-fiction avec...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X