Damien Flandin : « Je fonctionne vraiment au coup de coeur »

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Manager, booker et producteur, Damien Flandin a créé l’association Face B en 2010. Un travail nécessitant passion, persévérance et polyvalence pour soutenir et développer la carrière d'artistes. Portrait de ce touche-à-tout juste avant la tenue du onzième Foreztival, festival à succès qu'il a co-créé dans son village d'origine, à Trelins dans le Forez. Propos recueillis par Marlène Thomas

Quel cursus professionnel avez-vous suivi ?
Damien Flandin :
Je suis un autodidacte. Mes études n’ont aucun lien avec l’événementiel, j’ai un BTS de comptabilité-gestion. L’association Face B a été créée en 2010. C’est par le biais du Foreztival que j’ai eu l’envie de développer ce projet. Je suis Treulinois et avec quelques amis - passionnés de musique et de festivals tout comme moi - nous avons décidé de monter ce festival. Puis, en côtoyant ce milieu, j’ai voulu connaître l’envers du décor, m’occuper des artistes, partager leur quotidien. Au sein de Face B, nous sommes trois : Justin et Hélène s’occupent exclusivement du booking tandis que moi, je gère un peu tout, le management, la production et le booking. Nous travaillons avec dix artistes en booking et trois en management : L’Entourloop, The Architect et Two Pan, un groupe de rap.

Quelles sont les différences entre vos rôles de manager, producteur et booker ?
Face B a été créée dans l’optique de faire de l’accompagnement d’artistes. Le booking, c’est tout simplement du démarchage. Le rôle du booker est de placer les artistes dans les salles, dans les festivals afin qu’ils étendent leur sphère d'influence. Je suis de l’école du développement par la date. Une date en appelle toujours une autre. Cependant, le booking ne suffit pas, comme avec la rappeuse de Los Angeles, Gavlyn que nous avons fait signer, nous devons aussi nous occuper du routing, c’est-à-dire faciliter ses déplacements, trouver des médias.

Le management est arrivé après. Actuellement, je suis manager de The Architect et de L’Entourloop. Le management me prend environ 85 % de mon temps. Le travail d’un manager est de mettre l’artiste dans de bonnes conditions afin qu’il puisse se concentrer sur sa musique. Nous lui enlevons toutes contraintes administratives, logistiques, médiatiques. L’échange avec l’artiste est également important, nous parlons stratégie de dates, de sorties d’albums, de clips. Tout est mis en œuvre pour que le projet avance. Ce qui est également intéressant en tant que manager, c’est de faire se rencontrer les artistes, à l'instar du featuring entre Gavlyn et l’Entourloop. L’échange fait vraiment partie intégrante du métier.

Face B fait de la production d'événements et de la production de disques, notamment pour l’Entourloop et The Architect. Nous n’avons pas de studio, mais nous sommes connectés avec des personnes qui en possèdent. Pour l’événementiel, nous travaillons étroitement avec le Fil. Nous y avons fait plus d'une quarantaine de productions de concerts.

Le management me prend environ 85 % de mon temps.

Avez-vous une forme de ligne éditoriale, ne signez-vous qu’avec des artistes appartenant à certains styles ?
Face B s’intéresse principalement au hip-hop et au trip hop. Nous travaillons avec des artistes auxquels nous croyons vraiment, qui ont du potentiel. Le côté humain est aussi essentiel, avoir de bons rapports avec les artistes est très important. C’est une véritable réciprocité, nous ne sommes pas là pour leur vendre du rêve. Je fonctionne vraiment au coup de cœur mais je ne m’interdis pas de produire un artiste rock, par exemple, si celui-ci attire vraiment mon attention. En tant qu’agence de booking, nous nous devons de proposer des artistes différents aux programmateurs. Un label peut se permettre de se focaliser sur un style, même si nous avons une partie label, nous restons principalement une agence de booking.

Allez-vous à la recherche des artistes ou est-ce que ce sont les artistes qui vous sollicitent directement ?
Les deux, mais c’est quand même plus souvent moi qui les sollicite. Nous sommes essentiellement contactés par des régionaux. Nous avons commencé de cette manière mais maintenant, notre cercle s’élargit de plus en plus. Désormais, nous sommes souvent obligés de dire non afin de garder de bonnes conditions de travail. Il faut aussi que les projets soient un minimum développés. Mais, cela arrive également que nous commencions de zéro, si nous avons un coup de cœur. C’est très aléatoire. La semaine dernière, j'ai été obligé de refuser une demande d'un groupe de dub car je ne veux pas leur vendre du rêve, leur promettre de monter une tournée de trente dates, si j’ai déjà du mal à en trouver pour mes deux autres artistes dub. J’accorde beaucoup d’importance à l’éthique, à l’humilité. Nous ne voulons pas faire miroiter des choses à l’artiste que nous ne sommes pas en capacité de réaliser.

Nous ne sommes pas là pour vendre du rêve aux artistes.

Est-ce que le booking apporte une réelle plus-value à l’artiste ?
Je pense qu’il n’y en a pas assez. Avec l’essor d’Internet, il y a de plus en plus de groupes, de DJ’s qui se forment mais qui ont du mal à se lancer. L’agence de booking leur permet de se développer au delà de leur réseau. Cela amène forcément un plus au projet, sinon les artistes stagnent et le public se lasse. Il n’y a aucun intérêt de jouer vingt fois à Saint-Étienne en un an. Il faut savoir créer l’attente. La stratégie est de faire quelques dates dans sa ville, dans son noyau dur, puis d’élargir son cercle petit à petit.

L’industrie musicale subit les contrecoups du développement numérique ? Cela vous inquiète-t-il ?
Cela ne m’inquiète pas vraiment, car je suis de cette génération et les quantités d'albums que nous produisons ne sont pas faramineuses. La stratégie est de commencer par des petites quantités et d’en refaire après. Les mille exemplaires de l’album de The Architect ont été vendus en un claquement de doigt. Nous avons également produit des vinyles qui sont en rupture de stock. Le vinyle est vraiment un objet qui nous tient à cœur. L’Entourloop ou The Architect sont ce qu’on appelle des "diggers", des véritables "découpeurs de sons". Ils vont chercher un son, une voix, puis les transforment. Avec le vinyle, il y a une vraie interaction, ce n’est pas comme avec un CD, quelque chose se passe. Un récent article expliquait qu’il y avait encore une baisse des ventes de disques mais, il n’y a jamais eu autant d’intérêt pour le vinyle et parallèlement le streaming se développe. Une autre économie est en train de se former autour de la musique, c’est intéressant à suivre.

Quels sont vos projets ?
L’envie est de créer autre chose en management, créer une autre identité qui sera liée à Face B. Faire du management c’est aussi construire quelque chose avec un artiste qui ne part de rien, échanger autour de son show, lui trouver une résidence, un label, un booker. Pour l’Entourloop, nous allons collaborer avec un producteur de Toulouse, Talowa, afin d’être encore plus présent dans les gros festivals. Cela nous permettra aussi de libérer du temps pour les autres artistes. L’Entourloop est assez chronophage ! (rires) Mon objectif cette année était de mettre l’accent sur le booking, de monter une tournée, plus ou moins importante, pour tous nos artistes. Développer nos artistes, leur trouver des dates en France ou ailleurs est notre priorité. Mais, à l’avenir nous allons essayer de développer l’aspect management. De nouveaux artistes électro vont d'ailleurs très bientôt nous rejoindre. Ce sont des petites pépites mais tout reste à faire. The Architect devrait aussi revenir avec un nouvel album.

Le site de Face B Prod

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