CharlÉlie Couture : « J'ai souvent comparé mon activité à celle d'un triathlète »

Dans l'Shed + CharlÉlie Couture

Le Firmament

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Interview / Avec "Lafayette", son vingtième album studio enregistré en Louisiane, CharlÉlie Couture, artiste touche-à-tout (peinture, photo, littérature et bien entendu musique) a sorti un album fort qui marque le retour "haute-couture musicale" pour le plus Américain des Nancéens. Explications de texte avant son passage en novembre à la Forge pour les Oreilles en Pointe et en janvier au Théâtre des Pénitents à Montbrison.

Quelle a été la motivation vous ayant poussé à aller enregistrer cet album en Louisiane ?
Il y a eu plusieurs motivations à ce choix. La première était que, installé aux États-Unis, à New-York, depuis une quinzaine d'années, je porte en moi cette double appartenance à la culture française et américaine. Par ailleurs, avec le nom de CharlÉlie qui est le mien, les gens me demandaient d'où je venais, imaginant qu'avec un tel nom je pouvais être cajun ou autre... Enfin, la "pulse" que j'ai dans la main gauche est davantage du Sud que de la Côte Est des USA. Toutes ces choses ont fait que j'avais envie d'aller voir en Louisiane à quoi cela ressemblait.

Cet album est une sorte de concentré de toute votre carrière, avec un côté très personnel ajouté à une belle ouverture ?
Je crois qu'il y a ce que l'on est et ce que l'on représente. Je me suis efforcé tout au long de ma carrière d'expérimenter des choses très diverses, aussi bien quand j'ai fait la musique de Tchao Pantin que lorsque je travaillais des musiques plus électroniques, cela m'a toujours passionné. Il est vrai que l'image que se fait le public de moi correspond bien à ce qu'il y a dans ce disque. D'ailleurs, je dois avouer que cet album m'est arrivé de manière très naturelle et facile.

Cet album m'est arrivé de manière très naturelle.

Dans le titre éponyme Lafayette, il y a une phrase intéressante : « Si la liberté est reine, je veux être son roi ». Cette sentence résume bien votre carrière et cet album, marqués par une certaine liberté immuable.
Vous avez raison de dire que sous l'aspect d'apparente joie ou musique festive jouée, il y a beaucoup de messages sous-jacents et subliminaux dans ce disque. C'est ce qui fait la particularité de l'amalgame de cultures. Surtout en sachant que, par exemple, lorsque je suis allé faire des concerts en Californie, le public américain s'est très vite aperçu que ce n'était pas exactement de la musique de Louisiane. Ils la connaissent. C'est une musique "plus simple" par rapport à la mienne, qui peut être un peu plus "sophistiquée" dans les enchaînements d'accords, dans le choix des mots... Du coup, c'est ce qui a donné le côté agréable de ce disque où ont participé des musiciens de Louisiane, avec des structures de morceaux venues d'ailleurs.

Ces musiciens sont-ils venus vers vous ou est-ce vous qui êtes allés vers eux ? Nous pensons à Zachary Richard par exemple.
Tout simplement, je lui ai dit que j'étais là et j'étais ravi qu'il puisse se rendre disponible pour participer au disque. Louis Michot des Lost Bayou Ramblers également. Zachary Richard est un artiste connu, qui a fait beaucoup pour la culture cajun mais Louis Michot est un type qui mériterait vraiment d'être connu en France. Il y a beaucoup de musiciens avec qui cela s'est super bien passé.

Votre aventure new-yorkaise s'est arrêtée ? Vous êtes rentré en France ?
C'est plus compliqué que cela. J'ai dit que j'allais passer plus de temps en France. Cela fait 15 ans que je fais des allers-retours. J'ai gardé un atelier et d'autres trucs là-bas, donc j'irai aux États-Unis quand j'aurai des choses à y faire. Malgré tout, comme j'ai la double nationalité, je peux "be there or be here"... (rires)

En France, vous êtes davantage connu pour votre musique plutôt que pour vos autres œuvres. Est-ce que cela vous touche ?
À un moment donné, cela m'attristait un peu de savoir que l'aspect pictural, qui est pourtant essentiel dans ma vie, était considéré comme un "plus". Mais cette idée, c'était avant mon départ à New-York. Depuis, j'ai appris à me construire sur ce que je suis et ce que je fais. Si vous voulez, dans le mois qui vient, j'ai une conférence à faire pour le Salon de la photo, je suis invité d'honneur à la Foire Internationale de Montpellier, j'ai des expos en route... Maintenant si les médias ne veulent pas en parler, et bien tant pis pour eux. J'irai faire des conférences à l'étranger en parlant de l'art, des relations entre l'art et l'artisanat, du rapport entre l'intuitif et le concret, etc. Comme cadeau "bonux", la tournée fonctionne bien et le disque, passé un peu inaperçu lors de sa sortie en 2016, renaît comme un phénix. Chaque fois que l'on se retrouve avec les musiciens, c'est pour prendre notre pied sur scène. Une chose n'empêche pas l'autre. J'ai souvent comparé mon activité à celle d'un triathlète. Toutes mes activités je les mène avec autant d'aciduité, mais si les gens ont pris l'habitude de me voir d'une certaine manière, il est difficile de changer cela.

Vous avez fait le choix d'attaquer la tournée de Lafayette très tard puisque vous aviez décidé de ne faire que des concerts exceptionnels en 2016, expliquant que vous trouviez barbant le côté répétitif des tournées. Est-ce la seule raison de ce choix ?
Il y avait plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, lors de la sortie du disque, les médias n'en ont pas parlé et la maison de disques a baissé les bras tout de suite expliquant que ce disque est un OVNI. Mais je leur ai dit que cela était encore mieux, au contraire, que c'est un disque intemporel, qui aurait pu sortir 10 ans auparavant ou 10 ans plus tard. Dans le monde d'aujourd'hui, les succès doivent être immédiats car une chose chasse très rapidement une autre. Donc, quand le disque n'a pas reçu l'accueil qu'il méritait, j'ai continué et j'ai fait des concerts au coup par coup. Et puis, lorsque je suis rentré en février 2017, les producteurs de la tournée m'ont expliqué être fan de l'album et vouloir lancé des dates. Depuis tout se passe à merveille et les dates vont même perdurer jusqu'en août prochain.

- Soirée Roulez Bayous ! : CharlÉlie Couture + Dans L'Shed, vendredi 10 novembre à 20h30, au Firmament (Firminy) dans le cadre du festival Les Oreilles en Pointe
- CharlÉlie Couture, mardi 9 janvier 2018 à 20h30 au Théâtre des Pénitents (Montbrison)

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