Magma, une légende encore bien vivante

Magma + Sviti

Le FIL

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Objet Musical Non Identifié / Groupe mythique, légendaire et surtout inclassable, Magma a sorti un nouvel album en 2019, intitulé "Zëss – Le Jour du Néant". L’occasion également d’une tournée pour marquer les 50 ans du groupe. Nous avons échangé avec Christian Vander, son batteur et charismatique leader, à propos de cet album, de Chet Baker mais également de la création contemporaine. Regard aiguisé et histoire passionnée.

Quels albums allez-vous jouer lors de votre venue à Saint-Étienne ?

Christian Vander : A priori, nous allons jouer Ëmëhntëhtt-Rê en intégralité et une sorte de réduction de la trilogie Theusz Hamtaahk, Ẁurdah Ïtah et Mekanïk Destruktïw Kommandöh, ce qui représente une cinquantaine de minutes. Et puis, sans doute Troller Tanz.

Vous avez sorti l’album Zëss – Le Jour du Néant en 2019. Disque que vous avez enregistré avec l’orchestre philharmonique de Prague. Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec cet ensemble ?

Nous cherchions d'abord un orchestre accessible en termes de tarifs. Nous nous sommes aussi dits que les musiciens de ces régions-là sont plus familiarisés avec nos rythmes que les orchestres de France. Les musiciens ont enregistré en une journée et avaient en effet l’habitude de travailler sur du Messiaen, du Debussy ou autres… Par contre, ils sont arrivés dans la partition directement, sans travail préalable. C’est n’est pas pareil qu’une œuvre qui se joue au fil des années. Ici, ils n’avaient pas du tout étudié la partition auparavant, excepté le chef et celui qui supervisait l’ensemble.

Tu as déclaré que tu avais senti une réelle fusion entre l’orchestre et le groupe…

Oui, vraiment ! C’était un plaisir de travailler avec ces artistes. Mais ils se sont heurtés à une partition difficile. D’ailleurs, le superviseur de l’orchestre m’a déclaré avec une pointe d’humour : « merci M. Vander pour votre musique très facile à jouer… » (rires)

Pour cet album, comment s’est déroulée la composition ? 2018 a été une année de pause pour toi et tu expliquais avoir douté concernant l'écriture de cet album, qui s’intitule Le Jour du Néant, ce qui signifie donc qu’il y aurait difficilement d’autres créations futures…

Sur tous les thèmes de Magma, jusqu’à présent, j’avais toujours laissé une ouverture. Ils ne finissent pas toujours bien mais il subsiste un espoir de renouveau dans l'histoire. Et là, ce n’est pas le cas. Le jour du Néant, ça ne laisse pas de place pour l'après... Il se trouve que j’ai eu l’idée des songes, du rêve. Alors, prémonitoire ou non, mais en tout cas, c’est cette idée qui m’a sauvé dans la composition. Lorsque Stella (Stella Vander, NDLR) est revenue avec la proposition d’enregistrer Zëss en 2018 étant donné que nous avions une année libre, j’ai répondu oui sans réfléchir. Du coup, il a fallu trouver une sortie et une idée. Et le songe et le rêve sont venus sauver la fin de ce disque pour laisser une place à une suite.

Est-ce qu’il existe un lien particulier entre Magma et Saint-Étienne ?

Je ne sais pas si ce n’est pas plutôt cette ville qui a un lien particulier avec Magma. Quelqu’un m’a dit que ça ne se présente pas très bien en termes de vente à Saint-Étienne. Notre ingénieur du son m’a expliqué que nous avions joué déjà plusieurs fois à Saint-Étienne et que ça n’a jamais été mirobolant concernant les locations. Je ne sais pas trop pour quelles raisons. Je n’ai pourtant pas un mauvais souvenir de Saint-Étienne. Nous jouons et donnons le maximum quelles que soient les villes. Mais Saint-Étienne apparaît comme une ville "difficile" pour Magma et je ne sais vraiment pas pourquoi…

Pourrais-tu revenir sur l’anecdote qui explique la manière dont tu as reçu ta première batterie grâce à Chet Baker ?

Ma mère connaissait bien Chet Baker. Il habitait souvent à la maison. Il m’a appris les 4/4 et 8/8 à la batterie, mais sans batterie... C’était sur mes cahiers buvard. Un jour, il me dit que j’étais doué et qu’il me faudrait une batterie pour avancer. Je n’avais alors pas les moyens de m’en payer une… Quelques temps plus tard, il était de retour chez nous et m’invite au Chat qui Pêche, un ancien club de jazz, en m’expliquant qu’il m’a trouvé une batterie. Le soir venu, il me paie un taxi pour m'y rendre. J’arrive, j’attends deux minutes et je le vois arriver avec la grosse caisse, les cymbales… Il charge le tout à la hâte dans le taxi et me fait rentrer chez moi. Deux ans plus tard, j’ai les huissiers qui débarquent à la maison. Ils avaient fait une enquête et il se trouvait que cette batterie était une location effectuée par le batteur de Chet…

Avec cette nouvelle formation, j’ai ressenti à nouveau le "swing" de Magma. C'est bon de retrouver ça, vraiment !

Quelle est ton opinion sur la création musicale actuelle en France. Est-elle plus libre qu’avant ?

C’est toujours délicat… Par exemple, le problème, dans les écoles, se situe très souvent dans le fait que les profs ne sont pas au niveau. Ils sont devenus profs car ils ne pouvaient pas jouer dans une formation ou un groupe. Ils ne sont pas vraiment aptes à diriger les élèves vers les meilleurs enseignements. Ma vérité n’est peut-être pas la bonne, mais bon je le dis quand même. J’ai eu plusieurs expériences très décevantes lors de master class notamment. Je pense à une master class où, au bout de deux jours de travail, je ne pouvais demander aux élèves que de donner un rythme et de jouer un tempo. Mais souvent, les élèves donnaient au-delà ou en-deçà du tempo. Donc les bases n’étaient pas là… J’avais également invité un élève à se "bouger" pour rencontrer d’autres musiciens, de sortir et ne pas attendre pour faire des choses. Une fois la master class terminée, j’ai appris que ces élèves étaient des professeurs de conservatoire… Je suis tombé par terre. C’est quand même grave. En France, nous avons pris de mauvaises habitudes et ça n’a pas énormément progressé. C’est terrible à dire et je ne sais pas réellement pourquoi. Il existe un retard, déjà au niveau rythmique. Malheureusement tout part de là, la mélodie vient du rythme, sans pour autant que les musiciens ne se reposent exclusivement que sur le batteur. Ce qui est souvent le cas en France.

En France, nous avons pris de mauvaises habitudes et ça n’a pas énormément progressé. C’est terrible à dire et je ne sais pas réellement pourquoi.

Pour revenir sur le concert du 12 mars à Saint-Étienne, c’est avec une nouvelle formation que vous allez vous présenter ?

Oui, Simon Goubert est de retour au piano, Thierry Eliez est aux claviers et, cerise sur le gâteau, c’est le fils de Jannick Top, Jimmy Top qui assure à la basse. Il a le même genre de gestuelle que son père, c'est assez dingue. Il possède les mêmes initiales aussi (rires). C’est un peu l’histoire qui continue. J’ai toujours rêvé de rejouer avec Jannick et voilà que je joue avec son fils. D'autre part, avec cette nouvelle formation, j’ai ressenti à nouveau le "swing" de Magma. C'est bon de retrouver ça, vraiment !

Magma, jeudi 12 mars au Fil

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