Eric Blanc De La Naulte : « Une saison 2021-2022 très dense, en 168 levers de rideau »

Entretien / Après une saison 2020-2021 amputée de la plupart de ses représentations, l’Opéra de Saint-Etienne concocte, pour l’année à venir, une programmation qui réconfortera sans aucun doute tous les amoureux du spectacle vivant. Eric Blanc De La Naulte, directeur de la structure, nous parle de ses choix et partis pris.

Le public a été privé de sorties à l’Opéra de Saint-Etienne durant de longs mois. Va-t-il pouvoir se rattraper la saison prochaine ?

Très certainement, puisque notre programmation comportera 57 titres, spectacles jeune public compris, pour un total de 168 levers de rideau. Je ne suis pas accroché aux chiffres, mais cela mérite néanmoins d’être souligné, puisqu’il s’agit là de l’une des plus belles programmations de France. Alors même que l’Opéra de Saint-Étienne n’est pas encore un Opéra national…

La problématique de 2021-2022 sera donc… l’embarras du choix !

D’une certaine manière, oui, car, en plus, nous proposerons une programmation très éclectique, dans la lignée du parti pris qui est le nôtre depuis maintenant plusieurs années. Sept œuvres lyriques, 10 récitals de piano, huit titres en danse, huit concerts, sans compter les afterworks, le théâtre, ainsi que les actions menées hors-les-murs… Notre programmation est à la fois très dense et à la fois très diverse. C’est sans doute, d’ailleurs, ce qui fait la force de l’Opéra de Saint-Étienne.

Ces 168 levers de rideaux comprennent-ils des reports de spectacles qui n’ont pas pu se jouer cette saison ?

Quelques-uns. Il faut comprendre qu’à l’Opéra, la programmation de spectacles lyriques, qui sont de grosses machines, se prépare environ trois ans à l’avance. Il est donc quasiment impossible de les reporter d’une année sur l’autre. Il faudra donc patienter un peu. En revanche, les choses sont un peu moins complexes pour les spectacles chorégraphiés. Sur huit titres de danse proposés en 21-22, quatre seront donc des reports de cette saison, voire de la saison dernière: le ballet de São Paulo, le ballet de Biarritz avec Marie-Antoinette, Les nuits barbares, ainsi que Dance Me des Ballets Jazz de Montréal.

Sur sept titres programmés, cinq sont des nouvelles productions. Peu de théâtre en France peuvent, je crois, s’enorgueillir de cette audace.

Entrons dans le vif du sujet, et parlons des spectacles justement. En lyrique, l’Opéra de Saint-Étienne aime proposer une alternance entre œuvres très connues et œuvres méconnues. Vous poursuivrez sur ce parti pris la saison prochaine ?

Tout à fait. Si certains considèrent que les chefs-d’œuvre appartiennent à un temps passé, et doivent rester « dans les cartons », ce n’est pas mon cas. Nous veillons toujours à laisser passer sept ou huit ans avant de reproposer une œuvre au public, mais, néanmoins elle n’est jamais vraiment la même… C’est le propre du spectacle vivant. Ceci étant, il est aussi de notre ressort de faire découvrir d’autres œuvres au pu blic, peut-être moins alléchantes, mais qui peuvent être tout aussi intéressantes.

Quelques titres, pour nous mettre l’eau à la bouche ?

On l’a dit, les choix seront difficiles… Nous proposerons Hamlet, mis en scène par Nicola Berloffa, dont nous avions déjà accueilli Les Contes d’Hoffman il y a deux ans. J’encourage d’ores et déjà le public à venir assister à la représentation de Lancelot, mis en scène par Jean-Romain Vesperini. Il s’agit d’une re-création, puisque cet opéra n’a pas été joué dans le monde depuis 120 ans. D’autres temps forts viendront rythmer cette saison : Madame Butterfly, La Vierge de Massenet, une reprise de La Traviata, créé en 2013 par l’Opéra de Saint-Saint-Étienne en coproduction avec l’Opéra de Monte-Carlo, et d’autres… Sur sept titres programmés, cinq sont des nouvelles productions. Peu de théâtre en France peuvent, je crois, s’enorgueillir de cette audace.

On pourrait également parler de Carmina Burana

On doit en parler, en effet ! À mi-chemin entre le ballet et le lyrique, proposé par le ballet du Grand Théâtre de Genève, ce titre sera accompagné par le chœur de l’Opéra de Saint-Étienne, et par une partie de l’orchestre. Il est très rare aujourd’hui, qu’un ballet se tienne sur de la musique live. Cette proposition peut donc parfaitement convenir aux amateurs de danse et aux amateurs de lyrique. Par ailleurs, une programmation riche en titres symphoniques et en musique, ainsi qu’en spectacles jeune public est également prévue.

Un dernier mot sur les afterworks et Les Théâtrales ?

Les afterworks vont reprendre de plus belle, avec notamment un certain nombre de reports. Les Théâtrales n’existeront plus sous ce nom-là, mais une saison de théâtre grand public sera néanmoins proposée par l’intermédiaire de C’Kel Prod, puisque nous poursuivons toujours le même but de vulgarisation du spectacle vivant et de la rencontre avec tous les publics.


Marc Chassaubéné : « L’Opéra poursuit sa montée en puissance »

Outre une programmation éclectique et fournie, l’Opéra de Saint-Étienne, dont la réputation dans l’hexagone n’est plus à faire, poursuit sa montée en puissance. Dès 2021-2022, la structure accueillera en effet deux ensembles en résidence permanente, comme le détaille Marc Chassaubéné, adjoint au maire de Saint-Étienne en charge de la Cultu re : « Il s’agit de l’Ensemble Orchestral Contemporain, dit EOC, aujourd’hui dirigé par Bruno Mantovani. Cet ensemble dont le siège social à toujours été stéphanois mais installé à Lyon a voulu renouer avec ses racines et nous lui avons ouvert grand les portes. C’est un honneur, pour nous, de les recevoir. Le deuxième n’est autre que Canticum Novum, ensemble de musique ancienne, qui revient entre nos murs. Cela va donner à l’Opéra l’occasion de montrer un panel de ce qui peut se faire, de la musique ancienne à la musique plus contemporaine, sans oublier le travail de l’OSSEL qui compte aujourd’hui parmi les grands orchestres symphoniques de France. Notre lieu s’ouvre ainsi à toutes les musiques, d’autant plus que les spectateurs pourront voir ces deux nouveaux ensembles en représentations. D’une manière générale, tout ce qui a été pensé pour l’année prochaine vise à rapprocher encore un peu plus le public de l’Opéra, qui rappelons-le se doit d’être un lieu populaire. »

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