J'ai bu tous vos livres

Le théâtre du Verso accueille deux représentations d'une pièce qui marie brillamment le verbe de Bukowski et les envolées du jazz. Une exploration musicale improvisée pour cinq musiciens et un comédien.

Que vous appréciez sa prose imbibée ou qu’il vous débecte, l’écrivain américain d’origine allemande Henry Charles Bukowski a laissé au monde littéraire une œuvre considérable qui ne peut laisser quiconque indifférent. Car quels que soient les visages qu’aient pu prendre son écriture, poèmes, nouvelles, romans ou même articles, c’est sans doute cette oralité décomplexée qui fait toute la singularité de la patte du grand Buk, cette plume qui prend un malin plaisir à faire fi de toute convention, de l'apparence bienséante et, cela va de soi, du politiquement correct. Nombre de Français découvrirent le bonhomme, haut en couleur et en taux d’alcoolémie, lorsqu’il anima de ses frasques le propret plateau de l’émission Apostrophes (c’était en 1978), grand moment de télévision qui fait aujourd’hui encore le bonheur des bêtisiers nourris aux archives de l’INA.

Le jazz fait la java

Avec Don’t try, la compagnie Après le déluge et son metteur en scène Willy Play ont choisi de faire cohabiter dans un même spectacle des textes issus de L'Amour est un Chien de l'Enfer, Les Contes de la Folie Ordinaire et Souvenirs d'un Pas Grand-Chose, opérant ainsi une relecture transversale de l’œuvre de Bukowski. Des extraits de documentaires consacrés à l'écrivain viennent compléter le propos d’une pièce étonnante, marquée par la présence sur scène de cinq jazzmen très inspirés, quintet qui vient intelligemment envelopper le jeu du comédien Nicolas Guépin. Sébastien Joulie (guitare), Julien Bertrand (trompette), Pierre-Antoine Chaffangeon (claviers), Stéphane Foucher (batterie) et Thomas Belin (contrebasse) jouent une partition qui se superpose au texte, la musique et le verbe se sublimant l’un l’autre de façon sibylline. Tout comme Bukowski lui-même lorsque le whisky coulait dans ses veines, le jazz est un mouvement à géométrie variable, inventif car infiniment libre, fait d'excès assumés et de fulgurances inattendues. Le mariage est consommé... sans modération ! A noter que la séance du 24 octobre débutera à 19h30 au Méliès Saint-François, avec la projection du documentaire Born into this (John Dullahan, 2004).

Don’try, les mardi 24 et mercredi 25 octobre à 20h30, au théâtre le Verso à Saint-Étienne

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