Chemins de traverse

Musique / Un Italo-britannique installé en France et des Belges très fiévreux : Piers Faccini et Venus forment le doublé gagnant du concert du 22 novembre à la MC2. Christophe Chabert (+ FC)


Guitares graissées, voix fébrile, violons crispés, compositions sur le fil du rasoir, production brute de décoffrage : la face cachée de Venus, groupe-phare de la brillante scène rock belge, ne le reste pas très longtemps. Sombre, inquiète, torturée, leur musique transpire le malaise par tous les pores. Marc A. Huyghens et ses acolytes avaient pourtant séduit à leurs débuts avec des morceaux pop efficaces, avant de tenter une aventure plus acoustique que l'on pensait temporaire, juste histoire de se démarquer de l'autre référence belge incontournable, dEUS. Ça se confirme : tandis que le groupe de Tom Barman dérive lentement vers un rock calibré pour radio rock pubère, Venus va à nouveau de l'avant, et choisit la voie d'un rock nettement plus couillu. Si The Red Room, leur dernier album, marque un nouveau tournant, il faut aussi admettre qu'il conserve ce qui a toujours fait leur renommée : un savoir-faire mélodique qui, même mis à nu et fondu au noir, garde toute sa puissance de séduction. Aujourd'hui, les Belges semblent avoir élu domicile en France ; hébergés par le label Tôt ou tard, ils ont participé à l'enregistrement du dernier album de Miossec, qui évoquait il y a peu sa volonté de faire la première partie du groupe lors de sa tournée française. Projet abandonné, semble-t-il...L'amour du PiersPiers Faccini. Un nom de crooner italien, des racines du côté de l'Angleterre, la France comme pays d'élection, et une musique qui descend tout droit des songwriters américains, surtout les maîtres folks. Bref, une personnalité à part sur la scène française, d'abord aperçue avec Vincent Segal et Sébastien Martel (la galaxie M), aujourd'hui seul en scène avec sa guitare et des chansons à la séduisante mélancolie, intimiste et nue, un peu serrée sur son premier album, Leave no Trace. Le nouvel opus, Tearing Sky, enregistré en 12 jours, est sorti début septembre dans les bacs. Ouvert par un Each Wave that Breaks envoûtant mais un rien frileux, l'album de l''ami Piers expose plus clairement son dessein sonore dans le morceau suivant, Sharpening Bone : tempérer la douceur de ses ballades patelines par un son blues plus marqué. Une évolution paisible mais salutaire, tant ce dernier aspect donne à Tearing Sky ses meilleurs morceaux (dont l'excellent Midnight Rolling), et souligne avec encore plus d'efficacité l'amère mélancolie de ses compositions (entendre Uncover my Eyes et pleurer de bonheur). A priori, on n'aurait pas pensé à le mettre sur scène aux côtés de Venus ; mais la transposition scénique de Tearing Sky pourrait bien nous faire mentir. Venus / Piers FacciniLe 22 novembre à 19h30, à la MC2Albums : “The Red Room“ (Tôt ou Tard), “Tearing Sky“ (Bleu Electric)


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