Dans ma benne, benne, benne


critique / Peu de lumière sur la scène. Une musique dont les échos électroniques, agressifs, tonnent avec vigueur. Trois costards cravates parcourent le plateau de leurs mouvements saccadés, et le break se transfigure le temps de ce tableau en figuration d'un urbanisme déshumanisé, à l'avancée inexorable. Mais qu'importe, semble nous dire Mourad Merzouki dans la suite des événements, sous les pavés banlieusards, les plages de divertissement s'expriment sous toutes leurs formes. Soit huit danseurs, acteurs et circassiens, plus qu'à l'aise dans leurs costumes rétro, qui se mélangent en bandes façon West Side Story, tout en vivant isolément leurs aventures respectives. Si l'ombre des promoteurs reviendra agiter son spectre peu de temps avant la fin, en un retour brutal à une réalité précaire, l'ambiance entre les interprètes n'est pas à la joute, mais plutôt à la compétition sainement puérile. Conquête d'un mini-territoire, jeux de séduction sur la nouvelle arrivée, chapardage d'objets transformés en accessoires artistiques, le panel du désœuvrement ludique est brossé en long, large et travers. Quitte à ce que, pour chercher la petite bête, certaines scènes tombent dans l'écueil de schémas narratifs convenus. Mais la fluidité du spectacle balaie les réticences, tant et si bien que le plus prévisible des effets (une "vieille dame" devenant toupie humaine) devient tout bonnement irrésistible. Mourad Merzouki sera parvenu à brouiller les pistes, à mélanger les disciplines en soulignant leurs spécificités avec tendresse. Il nous aura décrit le vivier fécond en mutation d'où il tire sa force, en nous transmettant la bonne humeur contagieuse qui caractérise sa ferveur créatrice. FCTerrain Vague, par la compagnie Käfigchorégraphie de Mourad Merzoukiles 14 et 15 février à 20h, à l'Hexagone de Meylan


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