À cœur ouvert


En 2005, Stuart Staples se lançait dans une carrière solo, enfonçant un peu plus le clou de la rumeur qui prédisait le split des Tindersticks. L'année suivante, le temps d'un concert unique de l'intégralité de la formation d'origine (flanquée d'une imposante section de cordes) au prestigieux Barbican Centre londonien, Staples se prend d'envie de sortir un nouvel album du groupe qui lui a assuré renommée et reconnaissance. En 2007, il bat le rappel des troupes, se fait rejoindre dans le Limousin (où il a désormais son propre studio) par David Boulter et Neil Fraser puis par Thomas Belhom et Dan McKinna (bassiste des Straw). Le fruit de leur travail commun est sorti de par chez nous en avril dernier, et force est d'admettre que The Hungry Saw a fait pousser un grand ouf de soulagement à tous les aficionados du groupe. Dans un ensemble en forme de fourre-tout savamment ordonné, le groupe renoue avec ce plaisir musical tous azimuts de ses deux premiers albums, égrène avec le même bonheur les instrumentaux faussement mineurs (Introduction, E-Type), les balades à la mélancolie douce-amère (le sublime Yesterdays Tomorrow, l'émouvant Come feel the sun, le plombant The other side of the world), avec en figure de proue l'excellent morceau éponyme, The Hungry Saw, destiné à trôner fièrement dans le palmarès des meilleurs morceaux signés Tindersticks, quelque part entre Can our love et City Sickness. Quant à Stuart Staples, c'est bien simple, il n'a jamais autant été maître de son art, évitant le ton larmoyant auquel d'aucuns semblent le cantonner. Le groupe semble avoir retrouvé ses marques en un rien de temps, et se permet même quelques (discrets) écarts primesautiers qui lui réussissent plutôt bien (les chœurs plein de “wou-hou-hou-hou“ de The Flicker of a little girl, l'intro et la rythmique éthyliques de The Hungry Saw). Si le choc de la découverte n'est plus là, le plaisir demeure intact.
FCTindersticks
Album : “The Hungry Saw“ (Beggars Banquet)


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Rockwriting collectif