Friction ou réalité


On ne va pas vous mentir. Si les œuvres de Camille Laurelli sont d’apparence plutôt simple, réussir à les appréhender, et à comprendre le processus créatif intrinsèque de l’artiste, n’est pas forcément évident pour autant. Pour se hasarder dans la métaphore animalière, on va dire qu’il fait partie des artistes qu’il faut dans un premier temps savoir apprivoiser. Une fois cette première étape passée, cependant (et on rappelle que les membres du OUI sont toujours disponibles pour vous faire la courte échelle), on est rapidement saisi par la pertinence de ses propositions. Transformer les objets du quotidien en oeuvre d’art, la glande en créativité, un raccourci sans doute un peu réducteur, mais qui ne résume au final pas si mal la démarche de l’artiste, paresseux autoproclamé qui travaille pourtant à plein temps. Loin de se réfugier derrière sa démarche, Laurelli met en effet la main à la pâte, utilisant du ciment pour assembler un mur de Lego, fusionnant lit et bureau en mettant un matelas sur tréteaux, transformant une armada de cendriers remplis en sabliers symboles du temps qui passe, ou encore créant une constellation d’univers possibles en photographiant un imposant trousseau de clés. Une œuvre, particulièrement, résume plutôt bien la manière de fonctionner de l’artiste : un pan entier de mur de l’espace d’exposition, prélevé puis disposé un peu plus loin, laisse entrevoir les coulisses du OUI, où est entreposé tout le matériel. Décaler, même de façon imperceptible, notre environnement quotidien pour mieux lui faire révéler ses sous-entendus, ça frotte (un peu), ça passe (souvent), mais ça vaut clairement le coup d’œil.
DGÇa frotte, ça passe
Jusqu’au 19 avril à OUI


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Le corps comme champ de bataille