Slam

La première réalisation du talentueux Marc Levin vaut surtout pour sa double découverte : celle d’un genre musical qui allait bientôt prendre son envol, et surtout d’une personnalité artistique hallucinante – le grand Saul Williams. FC

On connaît surtout Marc Levin pour l’efficacité imparable de son travail documentaire sur des sujets aussi divers que le milieu de la Bourse américaine (Wall Street Connection), l’origine du blues (Godfathers and sons), le trafic de drogue dans le Harlem des seventies (Mr Untouchable) ou la montée de l’antisémitisme aux Etats-Unis après le 11 septembre (Les protocoles de la rumeur). De fait, Slam, sa deuxième incursion dans la fiction (après l’assez bancal Blowback), nous offre une immersion, caméra à l’épaule, dans la face cachée de Washington, capitale administrative de la grande puissance américaine qui est aussi l’une de ses cités les plus démunies, les plus frappées par le chômage et le dénuement économique. C’est dans l’un de ses ghettos qu’évolue Ray Joshua (Saul Williams), tchatcheur au talent qui s’ignore encore, forcé de participer à sa petite échelle au commerce de stupéfiants. Arrêté pour ce motif, passablement déprimé par le peu de chances qu’il lui reste, il va cependant renaître de ses cendres au contact de Lauren (Sonja Sohn, l’inoubliable Kima de Sur écoute), une prof d’écriture qui va l’encourager à exploiter sa fibre poétique. Liste de demandes
Porté par un réalisme visuel terrassant, un rien plombé par une inclination à une certaine naïveté sur le pouvoir rédempteur de l’art, Slam se voue surtout à mettre en valeur son principal atout, à savoir son acteur principal. Coscénariste du film, Saul Williams irradie l’écran de son naturel évident, et bien évidemment par ses hallucinantes envolées poétiques. Scandant les mots avec une rage jamais feinte, alignant les rimes puissantes avec conviction, il nous force à attendre ses prochaines interventions avec avidité, à nous repaître de ses mots dès que la machine est lancée. Depuis, notre homme a sorti deux albums monstrueux (Amethyst Rock Star et Not on my Name), s’est converti aux joies du rock en collaborant notamment avec Zack de La Rocha des Rage Against the Machine, en participant au Year Zero de Nine Inch Nails, ou encore en truffant ses morceaux de grosses guitares rentre-dedans. On vous invite cependant, pour que le choc esthétique soit total, à le découvrir au gré de la projection organisée par Cultur’Act dans le cadre des Cinézik (le film sera suivi d’une scène ouverte slam animée par Bastien Maupomé). Slam
De Marc Levin (1998, EU, 1h40) avec Saul Williams, Sonja Sohn…
Vendredi 27 mars à 20h30, à l’Espace Culturel Bachelard

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