Analogies numériques


Notre oreille ne saurait mentir. Pendant la première représentation publique d'une phase de travail de Cinématique (un Adrien Mondot anxieux a préféré le terme “crash-test“ au plus usuel “filage“), la bande-son subtilement hypnotique du spectacle nous a délivré des déflagrations rock dont les échos nous semblaient étrangement familiers. Une fois les lumières rallumées, ce fut ainsi avec une surprise toute relative qu'on découvrit la présence dans les gradins de Laurent Buisson, malaxeur sonore de talent pour notamment les compagnies Encorps à Venir (dont la dernière création Espaces éphémères) ou Le chat du désert (pour Les Sermons joyeux), bien connu de nos services pour ses activités de bassiste au sein du groupe Rien, sous le pseudo fleuri de DJ Goulag. Laurent et Adrien se sont rencontrés il y a peu de temps, lors d'un labo de ce dernier au Pacifique – le courant passe bien, au point qu'Adrien Mondot demande au jeune homme de participer à la bande-son de Cinématique avec Christophe Sartori, collaborateur sonore attitré de la compagnie. Les deux musiciens apprennent à s'apprivoiser, à coordonner leurs approches respectives (des sonorités numériques pour Christophe, un travail «à l'ancienne», plus axé sur les guitares, pour Laurent) en bonne intelligence. Pas forcément évident, puisqu'une bonne partie de la bande-son est déjà composée, mais Laurent dépasse son statut de «pièce rajoutée» et soumet ses idées à son binôme. Pour un résultat on ne peut plus convaincant : si l'on reconnaît la touche personnelle du gratteux à certains moments, dans les explosions rock («et oui, c'est toujours ces putain de reverb', j'y peux rien, c'est comme ça !»), l'ensemble possède une fluidité faisant la part belle aux deux univers, sans que l'un n'annule jamais l'autre. FC


<< article précédent
The limits of control