L'homme automate

Aux expositions Habiter, Etre ouvrier en Isère et Tibétains peuple du monde, s'ajoute celle sur Vaucanson, un argument de plus pour monter au Musée Dauphinois. Laetitia Giry


Disons le franchement, et sans condescendance aucune, l'exposition « Vaucanson et l'homme artificiel » est susceptible de plaire à un très large public. S'adressant aux plus jeunes comme aux plus anciens, elle présente l'avantage d'une grande variété d'éléments, chacun étant libre de piocher à l'envie parmi les thèmes ou les objets à regarder. Conçue sur le mode chronologique, elle consacre sa première moitié au personnage assez hallucinant qu'était Jacques Vaucanson. Génial inventeur (grenoblois qui plus est – l'on sent d'ailleurs poindre un chauvinisme justifié) et acteur déterminant du siècle des Lumières. Un portrait de l'homme trône à l'entrée de l'exposition : la sagesse et l'intelligence inscrites sur son visage vieillissant nous incitent à découvrir la reconstitution des automates qui l'ont rendu célèbre (le « Canard » ou « Le joueur de flûte ») et les machines pratiques dont il peut également se vanter de la paternité, dont le métier à tisser automatique. Si l'on connaît bien l'impact de ces découvertes et avancées sur l'industrie et le mode de production, il reste troublant de se replacer dans ce contexte charnière, encore pur du fonctionnement de masse qui en fut la suite un tant soit peu déviante.Tribu de robots
Certains passeront leur chemin sur cette partie, insensibles à l'aspect historique centré sur la personnalité de Vaucanson, préférant apprécier directement le panorama effectué sur le XXème siècle. Ce dernier nous est certes plus familier, mais la scénographie de l'exposition a l'intelligence de mettre en perspective tout ce qui concerne les technologies liées aux robots ainsi que leurs différentes utilisations. Des robots issus aussi bien de l'imaginaire dans des références à la science-fiction, que de la réalité avec la présence d'objets réels qui, pour certains, sont en état de marche, et représentent eux-mêmes différentes phases des progrès techniques. Des questionnements éthiques sur les évolutions scientifiques – notamment dans le domaine de la médecine – aux avatars des jeux vidéo, le parcours proposé tente d'évoquer les liens entre l'homme et la machine en mettant le visiteur devant le fait accompli : cette relation, qu'on le veuille ou non, fait partie intégrante de nos vies. Le même parcours de se conclure logiquement sur une interrogation fondamentale et de plus en plus d'actualité, par la projection d'une série de questions sur l'ultime mur : que devient l'homme quand le robot qu'il construit gagne en capacités proprement humaines ?Vaucanson et l'homme artificiel, des automates aux robots
Jusqu'au 30 juin 2011, au Musée Dauphinois


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