Visite clin d'oeil


A l'heure où l'on écrit ces lignes, l'exposition de Stephan Balkenhol est en cours de montage. Chanceux que nous sommes, nous avons pu approcher quelques œuvres, prendre le pouls de l'événement en train de se mettre en forme. Le parcours proposé au visiteur n'offre pas un déroulé chronologique du travail de l'artiste, mais regroupe les pièces par thématique. D'abord la figure humaine recentrée sur les visages, avec notamment un magnifique autoportrait en bas relief, ou encore une tête aux dimensions démesurées, investissant déjà l'imaginaire du visiteur d'un réalisme onirique (ne craignons pas les contradictions), un réalisme brut adoptant un langage pour lequel tout est possible. Puis vient le corps à proprement parler, avec la présentation d'une très longue série de petites sculptures, des miniatures trônant fièrement au sommet de leurs socles – poutres de bois desquelles elles se sont extirpées à la grâce des outils du sculpteur. Si l'artiste aime à laisser apparentes les traces de son passage sur le bois, on constate à l'approche des œuvres une finesse pour le moins inattendue : les détails se multiplient, les portraits se font de plus en plus expressifs malgré un regard commun à tous, calme et implacable. Interviennent ensuite les mises en scène faisant dialoguer une sculpture avec un arrière-plan (paysage ou autre fond, d'un jeu d'échec à une cathédrale, en passant par une fête foraine). Les pièces consacrées au bestiaire donnent un souffle bienvenu à la visite : lionceaux et autres crocodiles prêtant leurs couleurs à un œil ravi. Certaines œuvres plus récentes s'ornent d'un argenté lumineux, d'autres se parent de fonds colorés vernis faisant contraste avec l'aspect brut des visages, chacune flamboyant ainsi d'un reflet nouveau. L'inlassable production de portraits s'inscrit ainsi dans un mouvement de redéfinition de ses principes, sans pour autant nier ce qui la motive : la traque discrète des nuances – colorées – de la nature humaine. LG


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Dock Soldier