L'Arbre qui découvre la forêt

Au cœur du quartier Mistral, l'ancien Espace Culturel Bachelard rebaptisé Le Prunier sauvage rouvre ses portes. C'est le premier lieu dédié à l'art dans cette zone qui était jusqu'à présent culturellement délaissé. Reine Paris


Vu de l'extérieur, le bâtiment ressemble encore à une annexe du stade Bachelard. « On aurait pu l'appeler Le Vestiaire », plaisante Brahim Rajab, le directeur de l'association Cultur'Act qui gère l'espace culturel. Finalement, ce sera Le Prunier sauvage. Un nom autrement plus poétique qui ressuscite l'arbre autrefois déraciné pour bâtir ces murs, et qui souligne sa liberté de pousser là où on ne l'attend pas.

Dans le quartier Mistral, l'art est en friche depuis des décennies et Cultur'Act doit relever le défi d'attirer une population peu habituée à s'approprier la culture. A sa disposition : un nouveau cadre. Certes, les fondations sont les mêmes, mais après deux ans de travaux, l'intérieur a été transformé. La salle de spectacle a perdu ses airs de salle polyvalente. Elle est aujourd'hui joyeusement parée de moquette rouge aux murs et de lourds rideaux noirs. Une scène amovible doit parfaire le tableau et être livrée pour l'inauguration prévue samedi 19 novembre. Au sous-sol, les studios de répétition et d'enregistrement ont été refaits afin de gagner en acoustique ce qu'ils perdent en chaleur conviviale. « Avant, le lieu était impersonnel, mal identifié. L'une de nos missions, voulue par la Ville,  consistait à  le louer pour des mariages », raconte Brahim Rajab.

Démocratisation culturelle

Aujourd'hui, le Prunier sauvage est entièrement dédié à la culture et son projet s'articule autour de trois grands axes : la pratique artistique avec notamment la tenue de cours de théâtre, de clown et de danse urbaine, l'accueil de spectacles et de concerts et enfin l'organisation de cafés citoyens encourageant les habitants à s'exprimer et à se rencontrer.

« Ce lieu doit être ancré dans son territoire et prendre en compte ses spécificités. Il a pour objectif la démocratisation culturelle. Ce n'est pas un lieu de diffusion comme La Bobine et l'AmpéRage, mais ce n'est une MJC non plus », explique le directeur de Cultur'Act. Pour le moment, il n'a pas fixé de programmation sur le long terme, faute de connaître les moyens financiers dont il disposera. « Un projet de conventionnement est en cours avec la mairie, précise-t-il. Le problème, c'est que la culture de proximité n'est pas considérée comme de la culture. Les financements vont surtout au soutien à la création et aux gros lieux culturels. Aujourd'hui, la Ville semble être sur une position différente. Nous espérons que cela va encourager les autres partenaires. »

En attendant d'y voir plus clair et afin de faire vivre le lieu, Brahim Rajab accueillera le festival Détours de Babel, mais aussi plusieurs structures socio-culturelles comme Culture du monde en Rhône-Alpes et SOS Racisme. Il va également travailler avec l'Atelier des musiciens du Louvre ou le Festival de la marionnette, et organiser des sorties de groupes à la MC2. « On veut proposer une offre qu'on n'attend pas forcément ici. L'idée, c'est de faire venir des gens de l'extérieur, mais aussi d'amener le public à sortir du quartier. »


<< article précédent
Sleeping beauty