Qui es-tu, Olivier Depardon ?


Zoom / Grenoble, fin des années 90. Alors que la scène locale est dominée par le reggae sous l'impulsion bulldozer de Sinsémilia, une alternative rock émerge avec le trio Virago. L'exalté Xavier à la batterie, le taciturne Jean-Marc à la basse, Olivier à la guitare et au chant, les yeux révulsés et les doigts en transe à chaque prestation scénique. En deux albums, Introvertu (1998) et Premier Jour (2000), Virago s'impose comme la relève la plus convaincante du défunt groupe Diabologum, grâce à une rage rock où se déversent des paroles à la poétique torturée, scandées par une voix à mille lieux du moindre formatage mainstream. Leur morceau Ouvre-moi figurera sur la bande originale de Baise-moi de Virginie Despentes, Virago donnera notamment un concert extraordinaire au Summum, quand le lieu osait encore s'essayer à des jauges plus risquées sur une formule Club. À l'arrêt du groupe (évoqué par Olivier Depardon dans l'interview), Olivier et Jean-Marc poursuivront leurs explorations sonores avec Zygoma, projet électro dans la lignée de Programme, et assureront comme des bêtes en soutien des chansons de Jull – en particulier lors d'une mémorable première partie de Dominique A à l'Heure Bleue. Depardon s'installera un long moment derrière la console son du Ciel, se dispersera dans d'autres collaborations occasionnelles, de Nadj à Tara King Th. Et nous livre aujourd'hui Un soleil dans la pluie. Album qui, pour tout ceux qui ont la chance de l'entendre et / ou de le voir sur scène, nous rappelle à quel point il nous avait manqué. Dans ses expérimentations mélodiquement répétitives, son incarnation vocale au premier degré quasi militant, c'est vrai qu'il sonne plutôt 90's, mais pas dans une vision figée, ou désincarnée derrière la nostalgie. Son verbe est vibrant, son interprétation sereine car définitivement mature. En live, la formule fonctionne parfaitement, même dans l'exercice périlleux du showcase FNAC. La complicité manifeste avec le batteur porte ses compositions vers le haut, l'efficacité est plus que jamais au rendez-vous et apporte un sursaut de chaleur à des textes magnifiés par une interprétation pénétrée. On se soupçonne d'être fan. FC


<< article précédent
L’ascension des sommets