Les Paradis artificiels : le film reste en salle à Grenoble


Les Paradis Artificiels du Brésilien Marcos Prado sort cette semaine en France. Mais à moins grande échelle que prévue : douze des quinze salles qui l'avaient programmé l'ont finalement retiré de leurs écrans, au motif qu'elles auraient perdu leur exclusivité de diffuseur. En cause, la stratégie de communication du distributeur Damned, qui avait proposé en avant-première lundi soir à 22h, en séance unique, le film sur Dailymotion, pour lui offrir une plus grande visibilité (le bouche à oreille peut faire des merveilles!).

Pour cette opération, Dailymotion s'était associé avec Eye on Film, réseau de 34 distributeurs et de 42 festivals et labels spécialisé dans la distribution de premiers et deuxièmes longs-métrages. Le but : s'essayer à la promotion du cinéma indépendant sur le web.

« Une réaction à chaud, de prudence »

Nous concernant en région Rhône-Alpes (car oui, le Petit Bulletin est diffusé à Grenoble, Lyon et Saint-Étienne, pour ceux qui ne seraient pas au courant!), le film n'était pas programmé à Lyon et Saint-Étienne. Le Club de Grenoble l'avait prévu... et le conserve, comme nous le confirme Patrick Ortéga, le gérant. Un gérant qui, pourtant, « ne condamne pas » les exploitants qui ont déprogrammé le film, même si lui ne l'a pas fait. « Je les comprends, on a été mis devant le fait accompli par le distributeur. » Il analyse la réaction de ses confrères comme « une réaction à chaud, de prudence ». « La chronologie des médias est modifiée sans nous consulter » (même si cela a visiblement été fait avec précipitation, sans forcément mesurer les possibles conséquences, le partenariat avec Dailymotion datant de la semaine dernière).

Il explique ensuite son choix : « J'ai décidé de garder le film à l'affiche parce que je le défends, et aussi parce que le distributeur est fragile. Il est facile de prendre pour cible un distributeur si fragile alors qu'on ne réagit pas pareil pour des plus gros », citant ainsi l'exemple du Rayon vert de Rohmer qui avait bénéficié d'une diffusion télévisée avant sa sortie en salle

« Il faut méditer sur cette nouvelle donne. La réflexion n'est pas encore complèteComment, aujourd'hui, peut-on promouvoir un film : en le diffusant avant sur Internet ? En invitant gratuitement des spectateurs à le voir pour lancer le bouche à oreille ? » Des questions que finalement beaucoup de professionnels se posent, et qui demandent une approche réfléchie. « Désolé donc pour ma réponse de Normand ! »

Comme Le Club, deux autres cinémas en France (à Paris et Clermont-Ferrand) diffuseront cette semaine Les Paradis artificiels.


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