Et c'est Party !

Le festival de ciné-concerts le Tympan dans l'œil s'est fait un petit nom à Grenoble. Seulement deux années d'existence, une troisième édition qui commence cette semaine, un enthousiasme qui ne faiblit pas… Cela valait bien une petite discussion avec son créateur, Damien Litzler. Laetitia Giry


Il y a cinq ans de cela, le groupe de musique grenoblois SZ est sollicité pour créer un ciné-concert. Intrigué, il accepte et prend beaucoup de plaisir pendant cette création, qui lui « ouvre de nouvelles portes en termes d'écriture et de composition », et lui « permet de sortir des carcans ». Ce duo post-rock réalise que le ciné-concert est finalement une pratique peu mise en avant. D'ailleurs, de nombreux programmateurs à qui ils proposent leur spectacle leur demandent de définir ce qu'est un ciné-concert… Alors pour ceux qui se le demandent : cela consiste en la diffusion d'un film sans sa bande son, laquelle est remplacée par un concert interprété en direct par un groupe qui a au préalable créé une musique spécialement adaptée à l'image. Une sorte d'interaction magique entre l'art du cinéma et celui de la musique, une manière donc d'honorer ces deux formes en faisant naître de leur rencontre une œuvre nouvelle. Fort de son enthousiasme, l'un des membres du groupe, Damien Litzler, et le président de l'association Stara Zagora (qui porte le groupe et le festival), décident de se lancer et de créer un moment centré sur cette pratique à Grenoble…

Petit festival deviendra grand

Comme tout jeune (ou moins jeune) motivé pour imposer un projet, Damien part tête baissée, mais avec un sens certain des réalités. Titulaire d'un master en direction de projets culturels, il sait s'y prendre et s'engage en toute conscience dans ce qui s'annonce comme un parcours du combattant. « Au début, on pensait créer un événement sur deux ou trois jours, puis de fil en aiguille… La semaine entière s'est imposée. J'ai commencé à me lancer dans le projet fin 2009, pour une première édition fin 2010. On a monté une petite équipe avec des copains motivés, qui travaillent dans le milieu culturel. Puis j'ai contacté des lieux, monté des dossiers, et eu la chance de trouver des gens très réceptifs. » De fait, cinq lieux répondent à l'appel (la Bobine, la Source, le Ciel, la salle Juliet Berto, le Théâtre 145) et accueillent la première édition du Tympan dans l'œil. Un nom, qui, comme le reconnaît Damien, « n'échappe pas au travers incontournable du jeu de mots », mais a l'immense mérite d'être à la fois évocateur et incisif. Le festival avait donc tout pour faire un beau départ, et n'attendait plus que des yeux et des oreilles pour vivre véritablement. Voilà ce qui, à la plus grande surprise des organisateurs, se produit dès la première édition : « On a tout de suite senti l'engouement du public. Il regroupait le public habituel des lieux, celui de certains groupes locaux programmés, et celui du festival, de tous âges. » Neuf et fringant, hétéroclite et varié, le public répond plus que présent. Ainsi que la presse, qui s'intéresse immédiatement et de tout près à ce nouveau venu (comme le Petit Bulletin par exemple…)

Et après ?

Aujourd'hui, le développement du festival pourrait être fulgurant, au vu de sa réussite. Mais ce serait sans compter sur les restrictions budgétaires (les fameuses !) qui font apparaître les subventions comme un Saint Graal inaccessible. Le festival persiste et se stabilise par un périlleux et audacieux autofinancement (grâce donc aux recettes des années précédentes), quelques rentrées d'argent fidèles (de la part du Conseil général et de la Sacem par exemple), et en dépit d'une absence de soutien de la Ville de Grenoble. Cette dernière met cependant à la disposition du festival des espaces publicitaires urbains et lui offre ainsi une visibilité non négligeable. Un point fort qui malheureusement « ne permet pas de payer les techniciens et les artistes ». Vu d'ici, cet état de fait paraît un peu dommage… Pour un festival unique en son genre dans la région, qui a par ailleurs la « volonté d'impulser des projets de création, pour participer au mouvement et enrichir un catalogue de ciné-concerts en tournée au niveau national. » Ce qui est le cas cette année notamment avec le groupe No Mad ? sur The Party (photo) !

Le Tympan dans l'œil, du 29 novembre au 8 décembre


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