Docteur Maboul


Y a-t-il meilleur hommage à faire à la country "old time" que de ne pas la prendre au sérieux ? Si l'on en croit Eugene "Docteur" Chadbourne, ou du moins l'approche qu'il a de la musique, il semblerait que oui. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ses premiers disques sont concomitants de la naissance du punk.

Qu'il joue du banjo ou de la guitare, le natif de l'État de New-York et co-fondateur de la revue culte Maximumrocknroll est un punk dans l'âme, un révolté farouchement antimilitariste, un authentique cintré (voilà un homme à qui il est arrivé d'emballer ses disques dans des chaussettes) à situer quelque part (mais où ?) entre Johnny Rotten, Daniel Johnston, et le chanteur pour enfants Barry Louis Polisar, Camper Van Beethoven (aucun lien) et le professeur Tournesol (il est l'inventeur du "Rake" : un râteau à feuilles mortes amplifié).

Impossible de faire le tour de la discographie de ce jazzeux refoulé qui ratisse, avec un râteau à feuilles mortes donc, les quatre points cardinaux de la musique : on conseillera donc au hasard le cinglé Odd Time ou la compilation The History of The Chadbournes – Honky-Tonk Im Nachtlokal, où l'on peut entendre l'influence qu'a pu avoir l'animal, s'ils l'ont écouté, sur Lou Barlow (l'éthique lo-fi), les Violents Femmes (l'énergie acoustique) ou les petits Suisses de Mama Rosin (le côté doux, dur et dingue). Quant à imaginer ce que réserve en concert ce facétieux improvisateur, autant essayer de faire rentrer un râteau à feuilles dans une chaussette. SD

 

Eugene Chadbourne, lundi 25 mars à 20h30, au 102


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