La peinture sur des airs de Polke


Les expositions monographiques donnent, parfois, tout son sens et son ampleur au travail d'un artiste. Les toiles d'un Gerhard Richter, découvertes ici et là dans les musées, jamais n'accrochaient notre regard ni ne retenaient notre intérêt. Son exposition au Musée de Grenoble en 2009, et celle à Beaubourg (Paris) en 2012, permettaient de voir et comprendre enfin son désir inextinguible et enfiévré d'explorer tous les possibles de la peinture et toutes les modalités de l'image aujourd'hui.

Sigmar Polke (1941-2010) fut un proche de Gerhard Richter et fonda avec lui (et Konrad Lueg), en 1963, l'éphémère et caustique mouvement du Réalisme Capitaliste, réponse allemande au Pop Art américain. Moins systématique que Richter mais tout aussi expérimentale, l'œuvre formellement éclatée de Sigmar Polke est une autre quête singulière et passionnée de l'essence des images et des potentialités du médium pictural. Polke est célèbre pour son irrévérence, son ironie et son esprit anarchique, faisant « rendre gorge » aux toiles, cadres, matériaux, couleurs, trames et représentations sociétales... Pas tout à fait rétrospective, l'attrayante exposition du Musée de Grenoble rassemblera des œuvres d'après 1980, tout en rendant compte de la grande diversité des médiums utilisés par l'artiste.

Le deuxième grand rendez-vous du musée est prévu pour l'été avec un vaste parcours à travers les œuvres du XXe siècle de ses collections. Des collections rappelons-le exceptionnelles sur cette période (et les plus importantes en France après celle de Beaubourg), qui permettent à la fois de parcourir tous les grands courants artistiques du 20e et de découvrir bien des chefs-d'œuvre. Jean-Emmanuel Denave

Sigmar Polke, du 9 novembre au 2 février ; Le XXe Siècle au Musée de Grenoble, du 5 juillet au 28 septembre 2014, au Musée de Grenoble


<< article précédent
Merle frondeur