« Le rap est mis au même niveau que les autres musiques »

Cette semaine, deux festivals de hip-hop se chevauchent à Grenoble : "L'Europe du hip-hop" de Total Session, qui en est à sa troisième édition, et le petit nouveau "Vous êtes bien urbain". Zoom sur le second avec Santiago Nicola, de l'association Contratak, qui a répondu à l'appel à projets de la Ville de Grenoble. Propos recueillis par Charlotte Haas


Pour la première fois, vous ne participerez pas à l'organisation de L'Europe du hip-hop
Santiago Nicola : Notre association a été partenaire sur toutes les précédentes éditions de L'Europe du hip-hop. Cette année, c'est différent, car on a décidé d'organiser un festival autour des cultures urbaines. On a répondu à un appel à projets lancé par la ville de Grenoble. Notre proposition – celle des associations Contratak et Retour de Scène – a été retenue. On  sera donc beaucoup moins présents. Après, on n'est pas totalement absents. On est là, on soutient. Si besoin il y a de nous consulter, on est à l'écoute pour répondre aux questions des personnes qui nous ont remplacés dans la mise en œuvre de ce projet cette année.

Les 15 000 euros de l'appel à projets vous ont-ils suffi pour votre nouveau festival ?
On aura aussi des recettes propres avec les concerts qu'on organise. Mais en gros, cette subvention va payer la majeure partie du festival. Ce qu'on organise est à hauteur du budget qu'on a. Pour l'instant, ça convient. Pendant très longtemps on a été autonomes, en créant des événements autofinancés. Ça fait partie des rares fois que l'on travaille sur un événement subventionné.

Comment s'est décidée la collaboration avec Retour de scène ?
On est plutôt une sorte de collectif d'artistes, graffeurs, rappeurs, DJs, photographes... Avec Retour de scène, on a eu l'occasion de collaborer à plusieurs reprises et on a eu envie de répondre ensemble. Retour de scène est une association plus tournée vers la diffusion de spectacles, l'organisation d'événements. On trouvait qu'on se complétait bien sur cet appel à projets. Que ça nous permettait de faire quelque chose d'intéressant. Car notre festival n'est pas un festival de hip-hop, c'est un festival sur les cultures urbaines. C'est donc plus large.

Finalement Vous êtes bien urbain et L'Europe du hip-hop vont se retrouver sur deux jours…
On fait plein de chose ensemble. On a trouvé intéressant des deux cotés de faire coïncider certaines dates des deux événements pour pouvoir du coup faire quelque chose ensemble et permettre de s'associer sur certains temps festifs.

Un rendez-vous à ne pas louper lors de ces deux jours ?
Total Session a travaillé cette année avec une association de Berlin qui a créé une sorte de nouvelle édition de L'Europe du hip hop qui s'est déroulée en septembre dernier et à laquelle les membres de l'association Contratak ont participé. Certains membres de l'association sont partis à Berlin. Au retour de ce projet, on a monté une exposition photo-vidéo qui retrace cet événement de L'Europe du hip-hop à Berlin et qu'on va présenter pendant le festival Vous êtes bien urbain le mercredi 23 octobre à la Maison de l'international, à Grenoble, au Jardin de ville. C'est aussi une autre passerelle qui se crée via l'expo photo d'un événement qui a eu lieu à Berlin et en lien avec Total Sesssion.

Quelle est la suite pour Contratak ?
On va continuer l'activité de l'association à l'année. Après, si jamais la demande de renouveler le festival se présente, on sera a priori très intéressé. À Grenoble, il se passe quand même pas mal de choses autour des cultures urbaines, du hip-hop… Du coup on trouve ça bien de mettre en avant les cultures urbaines à Grenoble. C'est très positif. Si d'autres événement voient le jour, il y aura peut-être des lieux qu'on aura envie d'exploiter. Notamment des nouvelles salles d'exposition dans Grenoble… Mais avant d'avoir des lieux, pour nous, le plus important, c'est le contenu. Petit petit les choses vont grandir et plus ça grandit, plus on aura de place et plus on se rapprochera des grands espaces pour diffuser.

Que pensez-vous de la place des cultures urbaines dans Grenoble ?
On n'est pas les mieux placer pour parler de l'importance ou non que la ville accorde aux cultures urbaines, car jusqu'à maintenant on a toujours fait ce qu'on voulait avec nos propres moyens. Plus notre culture sera soutenue, mieux ce sera. Mais c'est aussi à nous de développer ce qu'on propose. Par exemple, le fait que notre groupe Contratakerz ait pu jouer au Cabaret Frappé cette année ou que Monkey Theorem ait été sélectionné pour représenter Grenoble dans le projet Divercities, c'est positif. On sent que le rap est quelque chose qui est mis au même niveau que les autres musiques. Notre combat est d'ouvrir la curiosité, le regard des gens sur la culture urbaine que ce soit le public, les institutions, les jeunes… Après, il ne suffit pas d'un festival pour faire vivre les cultures urbaines non plus. C'est tous les jours que ça se passe. Les associations bossent toute l'année. Il ne suffit pas de soutenir une fois pour que ce soit valable tout le temps. Ce qu'il faut, c'est penser long terme tout simplement.

Vous êtes bien urbain, du 22 au 27 octobre, à Grenoble


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