L'enfance de l'art


Quand on se rend à un spectacle d'Oscar Gómez Mata, on ne sait jamais vraiment ce que l'on va découvrir. « Mes pièces sont difficiles à expliquer, il faut les vivre. » L'ovni scénique Kaïros inspiré de la physique quantique (en 2009) ; l'inégal mais passionnant Suis à la messe, reviens de suite (en 2012) : l'Hexagone de Meylan a souvent accueilli l'artiste espagnol installé en Suisse. Cette fois-ci, c'est une nouvelle facette de son art qu'il présente, moins barrée, notre homme s'étant confronté à la fable cruelle de Robert-Louis Stevenson La Maison d'antan. Mais ce n'est pas tant le récit en lui-même, réglé au centre du spectacle par les comédiens de la compagnie, qui l'a intéressé, mais la puissance évocatrice de ce récit sur l'enfance et la transmission – un gosse rêve de libérer ses concitoyens de leurs chaînes, mais échouera tragiquement.

Et quoi de mieux pour évoquer ce sujet que de travailler directement avec des adolescents ? C'est là tout l'intérêt de cette Maison d'antan, avec ces jeunes comédiens (différents selon les villes – ici des élèves d'un groupe de théâtre du lycée Lionel Terray de Meylan) qui, s'ils prennent de temps en temps la parole, sont surtout des présences prégnantes sur le plateau, notamment dans la dernière partie du spectacle. Un spectacle finalement tout sauf didactique (Gómez Mata refuse les discours sentencieux), qui offre de belles images, se transformant finalement en expérience sensitive. Pourquoi pas...

Aurélien Martinez

La Maison d'antan, jeudi 28 et vendredi 29 novembre à 20h, à l'Hexagone (Meylan)


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