"Minuscule, la vallée des fourmis perdues" : magique !

De Thomas Szabo et Hélène Giraud (Fr, 1h29) animation


Il fallait pas mal de culot pour réaliser un blockbuster animé pour enfants made in France qui repose : 1) sur un jeu quasi-abstrait entre les échelles, digne de Del Toro dans Pacific Rim ; 2) sur l'absence de dialogues, remplacés par des bruitages aussi irréalistes qu'hilarants qui donnent à sa bande-son des allures de symphonie cartoonesque et psychédélique ; 3) sur des climax totalement déments, comme cette descente d'une rivière à l'intérieur d'une boîte à sucres ou cette attaque de fourmilière à base de feux d'artifices et de cure-dents – pastiche amusé de la mythique séquence du gouffre de Helm dans Le Seigneur des anneaux.

Minuscule fonctionne en tout cas et cette odyssée d'une coccinelle qui prête main-forte à des fourmis noires pourchassées par des fourmis rouges prend, par l'effet conjoint de la 3D, du photoréalisme et d'une mise en scène extrêmement méticuleuse dans son découpage et ses mouvements, des allures de production expérimentale déguisée en film tout public. À quelques faiblesses près – l'épisode dans la maison, clairement moins inventif que le reste –, on tenait là un équivalent pour les petits de Gravity, où la sidération visuelle est plus importante que l'accumulation des péripéties.


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Danse d’enfants