Cabaret frappé


Disons-le d'entrée : Et pourquoi pas la Lune ?, le spectacle présenté cette semaine au Tricycle, est le meilleur de la saison du lieu, car le plus abouti, le plus audacieux et le plus intéressant. Et ce, même s'il n'est basé sur aucun grand texte et ne raconte rien sur l'état désastreux du monde (petite pique pour ceux qui semblent toujours vouloir que le théâtre pèse trois tonnes).

Nous l'avons découvert vendredi dernier, soit quatre jours avant la première : une générale anticipée où Cédric Marchal, le maître de cérémonie (presque) seul en scène, a fait le show pendant 1h10. Le comédien (et auteur ici, par forcément très à l'aise dans ce rôle d'ailleurs – ce sera notre seul bémol), qui officie notamment dans le duo de chansons théâtralisées Oskar et Viktor, campe le monsieur loyal d'un cabaret visiblement haut en couleur, mais aussi d'autres personnages fort en gueule – une ancienne ballerine, une vieille femme ou encore le bonhomme Monsieur Raymond.

L'envie de jouer avec les codes du cabaret en amusant le public transparaît dans chaque tableau, dans chaque intonation, dans chaque regard. Surtout, l'ensemble est habilement bâti, et en premier lieu la partie visuelle avec à la mise en scène (et en corps) Thomas Guerry, chorégraphe et moitié de la passionnante compagnie lyonnaise Arcosm. Marchal et Guerry, associés à une équipe solide, démultiplient alors l'espace de jeu en inventant divers stratagèmes, décors et accessoires drôles et poétiques – il n'y a qu'à voir ce qu'ils arrivent à faire avec un simple rideau de théâtre. Une toute jeune création dont on espère pouvoir reparler plus longuement bientôt !

Aurélien Martinez

Et pourquoi pas la Lune ?, jusqu'au samedi 22 mars au Tricycle / Théâtre 145


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