Auprès de mes arbres


Une partie du travail du metteur en scène grenoblois Bruno Thircuir de la Fabrique des petites utopies était volontairement frontal, dans le but de secouer le spectateur pour l'amener à réagir. Cette partie-là semble derrière lui comme il nous l'expliquait en 2012 (« niveau violence, on ne peut pas aller beaucoup plus loin que ce que l'on a fait sur Kaïna Marseille [spectacle de 2008 sur l'immigration – ndlr] »), et comme le confirme avec éclat La nuit, les arbres dansent, sa dernière création dévoilée la semaine passée dans le cadre du festival Les Détours de Babel.

Une fable écologiste jeune public centrée sur quatre contes faisant référence à « des légendes des quatre coins du monde », toutes tournant autour d'un arbre. Avec un discours réfléchi néanmoins non catastrophiste, car ce n'est pas le message qui fait la pièce, bien au contraire. Bruno Thircuir n'oublie pas qu'il n'est qu'un artiste qui fait avant tout du théâtre, du beau (la scénographie de son camion-théâtre est comme toujours bricolée mais remarquable) et du généreux (le plaisir du spectateur est au centre du dispositif).

« Ça fait douze ans qu'on raconte des histoires. Si je veux toucher les gens au-delà des convaincus du théâtre et des humanistes, je ne peux pas fermer ma porte avec des formes trop élitistes » nous expliquait-il encore en 2012. C'est exactement ça !

Aurélien Martinez

La nuit, les arbres dansent, jusqu'au 3 avril à la Clinique du Grésivaudan (La Tronche), du 8 au 15 avril dans la cour collège Aimé Césaire (Grenoble), du 22 au 24 avril au Grand Angle (Voiron)


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