Le pianiste côté coulisses


Alexandre Tharaud est une star du piano, que l'on a notamment pu voir dans le film Amour de Michael Haneke. Un musicien inclassable au style particulier, mélange d'esprit libre, de pulsation reconnaissable entre mille et de spontanéité du discours.

Pour terminer ses trois années en tant qu'artiste associé à la MC2, le Méliès projettera Le Temps dérobé, documentaire de Raphaëlle Aellig Régnier sorti l'an passé et consacré à cette figure atypique de la musique classique. Caméra à l'épaule, la réalisatrice s'est approchée au plus près de son objet cinématographique, de son corps, de sa nuque, de ses mains, tout en le mettant en confiance – Tharaud serait très timide. Ce dernier se livre donc longuement, allongé notamment sur un canapé, le regard dans le vide.

Ce n'est pas tant le résultat (assez formel) qui intéresse ici, mais plutôt le ressenti du musicien sur les à-côtés de son monde professionnel, sur la froideur des salles de concert modernes, sur la solitude du voyageur contraint d'enchaîner les dates autour du monde. Et aussi la vision qu'il a de son art, parfois trop figé à son goût, lui qui aime se confronter à des compositeurs contemporains ou à des artistes dits de variété – comme on a pu s'en rendre compte l'an passé à la MC2 avec la soirée Alexandre Tharaud invite la chanson française...

Une porte d'entrée en musique (la réalisatrice a laissé quelques courts extraits de morceaux parsemés son film) dans l'univers d'un artiste passionnant, qui sera bien évidemment présent dans la salle pour discuter ensuite avec le public.

Aurélien Martinez

Le temps dérobé, de Raphaëlle Aellig Régnier (FR, 1h05) documentaire. Lundi 21 avril à 18h, au Méliès


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