Grenoble : les dossiers d'Éric Piolle et Corinne Bernard

En complément de la grande interview d'Éric Piolle et Corinne Bernard, zoom sur quatre sujets qui occupent en ce moment l'adjointe aux cultures de la Ville de Grenoble.

Par Aurélien Martinez


Le Ciel / la Belle électrique

Le contexte : Depuis l'arrivée de la Belle électrique en janvier 2015, la Ville repense son maillage de salles de concert. Et souhaite que cette dernière obtienne le prestigieux label "scène de musiques actuelles" avec le Ciel, petite salle située près de la place de Verdun qui se trouve en difficulté aujourd'hui faute à une baisse de subvention de la part de l'État.

Corinne Bernard : « Ça y est, on a des bonnes nouvelles ! Au 1er juin, la convention smac sera effective pour les deux lieux, et tout le monde est avec nous – État, région, département. »
Sur le Ciel : « La salle est utilisée 220 jours par an, on a 9 studios : il faut qu'on aille encore plus loin sur la répétition et la formation. C'est un lieu en centre-ville qui ne génère aucune nuisance sonore, on peut l'ouvrir H 24 avec un petit peu d'investissement – et c'est prévu. C'est un bijou bien caché : va juste falloir qu'on mette la lumière et qu'on dise que c'est là. »

Le Théâtre municipal

Le contexte : Au printemps dernier, on découvrait la plaquette du Théâtre municipal pour la saison 2015/2016. Surprise : le changement de ligne était total, avec le quasi-abandon des pièces d'humour avec stars qui remplissaient la salle de 600 places, et l'arrivée de nombreux artistes et festivals locaux dans les murs.

Éric Piolle : « Précédemment, quand on ramenait la subvention municipale au nombre de places vendues, on était à 100 euros par ticket ! Et on avait un public pas exclusivement grenoblois et pas très varié – j'ai été abonné une pelleté d'années, je voyais bien ça. »

Corinne Bernard : « Le Théâtre municipal s'ouvre donc. Par exemple, le festival de jazz est revenu faire trois dates au théâtre : ils ont été contents qu'on leur rouvre les portes […]. 2015/2016 est une saison intermédiaire. La directrice écrit son projet d'établissement en lien avec les deux autres lieux [voir ci-dessous] pour tracer une ligne. Ce n'est pas dit qu'en une année on y arrive.»

Le Théâtre 145 / le Théâtre de Poche

Le contexte : Gérés depuis 2011 par un collectif d'artistes bénévoles nommé Tricycle, les deux théâtres du cours Berriat vont être repris en gestion directe par la mairie, via le Théâtre municipal qui les chapotera. Mais l'émotion suscitée par cette décision, avec notamment une pétition nationale contre « la liquidation programmée du Tricycle » signée par de grands noms (Olivier Py, Maguy Marin, Anne Alvaro...), laisse visiblement la question en suspens…

Corine Bernard : « On a déjà dit plusieurs fois que l'expérience du Tricycle est un bon projet mais qu'on ne pouvait pas mettre encore plus d'argent – c'est ce qu'ils nous demandaient. Comme notre objectif est de ne fermer aucun lieu de spectacle vivant, on va tenter autre chose plus en lien avec le Théâtre municipal et mettre ainsi en place un parcours. »
Qui programmera au Théâtre 145 et au Poche ? « J'avais fait une proposition à tous les programmateurs et aux artistes de continuer à participer : j'appelais ça la plateforme création. Là, concrètement, on ne s'est pas rencontrés. Du coup, ce sont les agents de la Ville qui ont géré toutes les demandes pour la saison prochaine. Ce n'est donc pas nous qui intervenons dans la programmation […]. Si le projet que l'on a proposé ne va pas – et on l'a bien compris –, dans ce cadre-là la porte est ouverte. Mais on ne peut pas se rencontrer à coups de pétitions ou d'invectives. On devrait se revoir bientôt avec le collectif Tricycle. »

Le Grenoble Street Art Festival

Le contexte : En juin 2015, le centre d'art Spacejunk lançait son festival de street art à Grenoble, avec un soutien de 9 000 euros de la part de la Ville de Grenoble. Une Ville qui a depuis fortement augmenté sa participation (25 000 euros pour la deuxième édition prévue en juin).

Corinne Bernard : « Il y a déjà à Grenoble une histoire des arts plastiques assez prégnante. Mais cette histoire était beaucoup dans les musées et les centres d'art, et pas assez dans la rue, là où sont les gens. On est donc sur un pari d'esthétiques différentes. »
Sur le financement – la part de la collectivité publique est assez faible dans le budget global du festival, le directeur faisant appel à de nombreuses autres sources comme le mécénat, le partenariat… « C'est une pratique de plus en plus courante : la collectivité ne peut pas être la seule porte d'entrée. Ils sont d'ailleurs plusieurs à faire ça : la nouvelle directrice du Magasin vient avec que des idées de financements autres, comme des financements européens. »


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