Musée de la Résistance : «un outil d'éducation à la citoyenneté»

2016 marque les 50 ans du Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère. À cette occasion, rencontre avec son directeur Olivier Cogne pour en savoir plus sur cet anniversaire et le rôle de cette institution consacrée à la Seconde Guerre mondiale.


Cette année, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère fête ses 50 ans. Pourquoi est-il important de mettre l'accent sur cet anniversaire ?

Olivier Cogne : 50 ans d'existence, ce n'est pas rien ! C'est l'occasion d'avoir un regard rétrospectif sur ce qui a été réalisé. Le musée a connu plusieurs étapes dans son développement : de musée associatif dans les années 1960 au moment de sa création, il est devenu musée départemental il y a une vingtaine d'années, avec une équipe de professionnels à sa tête composée essentiellement d'historiens. Les collections se sont considérablement enrichies, tout comme les travaux scientifiques.

À quoi çasert en 2016, soit 70 ans après la Seconde Guerre mondiale, un musée comme celui-ci ?

Sans doute à perpétuer, à transmettre un patrimoine de valeurs : celle de la résistance et de la République. À être un outil d'éducation à la citoyenneté, avec le concours de nombreux acteurs. C'est ça son rôle essentiel. Il y a pour cela le travail d'histoire, en s'appuyant sur des chercheurs, mais aussi la mission de rendre compte des évolutions récentes. Car on ne sait pas tout, il y a beaucoup de sujets qui n'ont pas encore été abordés.

C'est une période tragique mais qui a aussi été marquée par d'extraordinaires engagements, et c'est finalement ce que l'on veut retenir. Le courage invraisemblable d'hommes et de femmes, alors que tout semblait perdu, qui ont su s'insurger pour défendre des valeurs auxquelles ils croyaient profondément. Ce sont des exemples à retenir aujourd'hui, qui ne sont pas dénués d'intérêt. Cette période de l'histoire, nous avons donc tout intérêt à l'interroger, elle peut nous apporter aujourd'hui encore des enseignements sur notre capacité à questionner les valeurs de la République.

À qui s'adresse ce musée ?

À tout le monde, dans la mesure où notre objectif premier n'est pas tant la transmission d'un récit chronologique de guerre que la transmission des valeurs républicaines et citoyennes. Après, il est certain que l'on ne fait pas la même démarche lorsque l'on rentre dans un musée comme celui-ci ou dans un autre lieu culturel. Ça appelle à une certaine prise de conscience, cela suppose aussi de pouvoir affronter une période tragique, marquée par une répression terrible.

L'espace permanent du musée est consacré à la Seconde Guerre mondiale. Par contre, les expositions temporaires vont parfois sur d'autres terrains, comme en ce moment avec les photographies de Gustavo Germano consacrées à l'Argentine et au Brésil sous les dictatures​. Comment sont-elles pensées ?

Nous cherchons à faire une ouverture sur les droits de l'Homme, par l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, parce que cela nous permet de tisser des liens avec le présent. Ce travail, on le fait essentiellement avec les expositions temporaires. Il y en a deux par an, avec une forme d'alternance : un sujet qui traite de la Seconde Guerre mondiale, où l'on peut faire des focus sur des thèmes qu'on a peu abordés, puis un sujet qui sort de cette période mais qui traite des droits de l'homme, comme avec l'exposition actuelle. Ce sont d'autres sujets de société qui nous concernent cependant directement.


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