Langue de voix au festival Uriage en Voix

Une cure de chanson française pas comme les autres (ou pas comme l'autre) ; une cure de langue donc, c'est ce que propose ce week-end Uriage-les-bains et son festival gratuit Uriage en Voix en programmant notamment les drôles de zozos chantants que sont Bertrand Belin, Zaza Fournier et la Grande Sophie.


Depuis quelques années, de Parcs (album), en Requin (roman), en Cap Waller (album) où il maintenait le sien (de cap), celui d'un post-yéyé aliénant et addictif qui, il le dit lui même, « parle en fou », Bertrand Belin est sorti de la prodigieuse Hypernuit d'une chanson dont le langage marche à côté de la voie et de la voix. Depuis donc, l'ancien guitariste de métier (et cela, ça se sent) au phrasé bashungien est devenu une bête à concours festivaliers – un peu aussi parce que l'animal est une bête de scène aussi indéchiffrable que ses chansons sont « insolubles » (le mot est de lui).

Pas une kermesse musicale, des plus modestes aux plus grandioses, qui n'invoque la présence du classieux crooner de l'impossible. Belin y fait toujours tache et cette tache est d'huile : elle se répand dans les esprits qu'elle contamine positivement mais se mélange mal à celles des collègues programmés de concert, qu'ils soient indie-rock ou variété française. Une chanson à côté de la voix donc.

Bucco-lingual

Il en est une à Uriage qui pourrait en ses élans westerns tenter de loin en loin une approche timide, c'est bien Zaza Fournier. Aussi bien troussés soient-ils, ses mots sont certes loin d'être aussi énigmatiques que ceux de Belin, mais là où Zaza nous intéresse, c'est qu'elle pourrait bien être le pont de ce festival entre BB et une autre grande figure (au sens propre) de la chanson étrange : La Grande Sophie, elle qui opère aussi loin des très grands médias, son grand bonhomme de chemin, se bâtissant un public moins sur la base de son tube un peu pénible de 2001 (Martin) qu'à la manière d'une factrice cheval : force du poignet, longueur du temps et de l'œuvre, considérable,  faite aussi de cailloux ramassées au gré de collaborations fructueuses (de Delphine de Vigan, l'écrivain, à Jeanne Cherhal, la chanteuse,  en passant par le supergroupe Les Françoises).

Quoi qu'il en soit, Uriage en voix étant sis dans une cité qui, rappelons-le, est réputée pour ses cures contre les affections bucco-linguales mais aussi respiratoires (et donc un peu inspiratoires), il nous étonnerait peu que ces trois amoureux de la langue, présentés aux côtés de Mélimômes, Debout sur le zinc et des Swingirls, n'aillent pas y chercher, Belin en tête (cela expliquerait sa présence), on ne sait quelque nouveau mode d'exploration de la langue (l'organe), qui pourrait justement faire langue, puis voix.

Uriage en Voix

Au parc d'Uriage-les-Bains samedi 3 et dimanche 4 septembre


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